Dans la plupart des territoires de la Caraïbe insulaire, la question de l'économie informelle se pose de manière spécifique. En effet, l'économie de plantation régnant jusqu'au milieu du 20e siècle y a favorisé le développement de l'économie informelle tout en marquant fortement la volonté des autorités publiques, inhérente à toute société, de contrôler l'économie, en particulier les activités des travailleurs ruraux. Les départements français de la région sont par ailleurs régis par la législation française et donc européenne, inspirée par des systèmes socio-économiques très exotiques. Or de nos jours, la réglementation est une dimension importante de la production agricole, en particulier dans l'élevage à cause des exigences croissantes de sécurité alimentaire, de santé animale et de respect de l'environnement. En prenant comme exemple l'élevage porcin en Guadeloupe l'étude présentée a comme objectifs de mesurer l'écart réel des pratiques en vigueur dans l'agriculture par rapport à la loi, et de proposer un cadre de réflexion pour une politique de développement adaptée. La communication commence par la présentation d'un cadre théorique mobilisant le double critère de la loi et de la règle pour une grille de lecture des activités informelles. Puis on met en évidence la diversité des systèmes d'élevage, particulièrement l'importance sociale et économique des élevages n'appartenant pas au modèle officiel dominant. Les pratiques à l'oeuvre dans ces différents types d'élevage sont comparées au cadre légal en vigueur. Les écarts constatés, nombreux et importants, nourrissent une discussion sur l'opportunité et les moyens d'une mise aux normes de ces élevages, mise aux normes à intégrer nécessairement dans une politique de développement agricole et rural.