Une Commission française d'experts a été constituée en 1995 pour la préparation du Sommet mondial de l'alimentation de 1996. Elle a d'abord évalué l'ampleur des enjeux : le manque de revenu, l'insécurité civile, les retards dans la transition démographique, la sous-alimentation chronique qui touchera encore 680 millions d'habitants en 2010 et la malnutrition qui handicape encore 180 millions d'enfants et près d'un milliard d'adultes. Puis elle a réalisé un état des lieux sur les ressources naturelles qui sont abondantes, mais fragiles et sur les ressources agricoles et aquacoles qui sont énormes, mais leur taux de croissance ralentit. Elle a également fait des propositions fondées sur un renouveau des politiques nationales et internationales. La dimension locale devient le niveau essentiel (lutte contre la pauvreté, meilleur accès à la terre et à l'eau). Le cadre actuel des politiques économiques doit donner sa place aux collectivités locales et aux organisations de producteurs. La dimension nationale doit se recentrer. Les zones de libre-échange agricoles sous-régionales sont le lieu des politiques agricoles et commerciales. L'organisation du commerce mondial doit faciliter la stabilité et la protection flexible des espaces de production agricole. L'aide alimentaire doit être réformée et canalisée. L'organisation de la filière du progrès agricole et rural et l'éducation de base donnent la clé du développement durable, passant de la révolution verte à la révolution doublement verte, soucieuse des plantes orphelines et appuyée sur les savoir-faire des paysans. Les nouvelles technologies du vivant doivent aussi être mobilisées pour contribuer à l'alimentation des 8 à 10 milliards d'habitants que comptera notre planète en 2050.