La réforme de la PAC de 1992 a fait basculer le système de soutien par les prix vers un soutien sous forme de paiements directs dans le secteur de la viande bovine. Ce changement fondamental a eu des conséquences sur les stratégies des éleveurs, que les auteurs ont tenté d'expliquer par l'étude des trajectoires d'évolution d'exploitations de viande bovine du Limousin et des Pays-de-la-Loire. L'utilisation d'un échantillon constant du Réseau d'information comptable agricole (RICA) France 1997 met en évidence les grandes lignes d'évolution des systèmes bovins viande du Limousin et des Pays-de-la-Loire depuis 1992. L'analyse montre que les montants d'aides directes par exploitation augmentent fortement dans tous les systèmes bovins-viande entre 1992 et 1997, parallèlement à l'agrandissement des structures (hausse de plus 14% de l'actif en moyenne). De nombreux naisseurs-engraisseurs abandonnent l'engraissement, tandis que d'autres systèmes s'orientent vers plus de cultures. En complément de l'analyse d'ensemble menée à partir du RICA, une enquête auprès de 36 exploitations des Pays-de-la-Loire et du Limousin met en évidence trois types de trajectoires d'adaptation à la réforme de 1992 : le changement d'échelle (agrandissement des structures), l'extensification et la stabilité. Différents comportements des éleveurs par rapport aux aides de la PAC s'expriment dans les trois types de trajectoire. Face à la nouvelle réforme de la PAC, la tendance à l'agrandissement laisserait place à une extensification plus généralisée des modes de production.