L'objet de ce document est de développer l'intérêt du concept de rente comme outil d'analyse pertinent combinant qualité des produits et services et développement territorial. Dans un contexte de différenciation des conditions de production, la banalisation de ce concept par la théorie économique et sa généralisation à tous les facteurs de production dans une situation de rareté ou de concurrence monopolistique n'est pas satisfaisante. Le recentrage de la rente sur ses origines et son extension à l'ensemble des aménités environnementales intrinsèques à un territoire donné peuvent la rendre à nouveau pertinente aujourd'hui. Elle devient alors un outil d'analyse permettant de repérer des formes d'internalisation de ces externalités par différents acteurs qui les inscrivent dans une stratégie de développement territorial. La "rente de qualité territoriale" sur laquelle est mis l'accent est obtenue par la valorisation combinée des caractéristiques intrinsèques d'un espace donné et de la qualité des produits et services qui y sont attachés. Elle peut constituer le fil directeur d'une nouvelle stratégie de développement territorial. Ce document présente d'abord le contexte économique d'une renaissance de la théorie de la rente et l'intérêt, pour cela, d'un croisement des approches d'économie spatiale et d'économie industrielle. Il propose ensuite une double relecture théorique qui met en cohérence les deux grandes filiations de la rente différentielle ricardienne et celle du surplus du consommateur marshallien, par rapport à une problématique du développement territorial. Grâce à leur actualisation et en tenant compte de certains apports théoriques contemporains, on peut montrer que leur rapprochement permet de relier et d'organiser de manière plus pertinente divers concepts de rente utilisés aujourd'hui, autour du concept de rente de qualité territoriale. Au fur et à mesure de l'exposé théorique, on s'interroge aussi sur l'applicabilité de ces nouvelles approches de la rente et les méthodologies utilisables pour leur évaluation. De ce point de vue, on peut opposer les méthodes permettant de mettre en évidence ex-post l'existence de différentiels de prix observés et celles qui cherchent à évaluer ex ante la "satisfaction potentielle" de la demande.