Les problèmes d'environnement ont des caractéristiques qui les distinguent radicalement des problèmes scientifiques traditionnels: les faits sont incertains, les valeurs en discussion, les enjeux graves et les décisions urgentes. Pour ces nouveaux problèmes la science ne peut généralement pas fournir des théories bien établies, avec une base expérimentale pour l'explication et la prédiction; les questions d'environnement présentent donc de nouvelles tâches pour la science. Nous rangeons les stratégies scientifiques de résolution de problèmes sur un diagramme à deux axes, les "incertitudes du système" et les "enjeux de la décision" ; la situation de la science post-normale est celle dans laquelle ces deux critères sont les plus élevés; ici nous trouvons des décisions avec des enjeux graves, pour lesquelles les bases scientifiques sont décidément incertaines. Dans ces conditions les fonctions essentielles de l'assurance-qualité et de l'évaluation critique ne peuvent plus être complètement réalisées par un corps restreint d'experts. Le dialogue sur la qualité, ainsi que celui sur la politique, doit être étendu à tous ceux qui ont des enjeux dans la question et qui sont ici appelés "communauté étendue de pairs". L'objectif est de voir quel type de changements dans les pratiques et les institutions scientifiques seront entraînés par la reconnaissance de l'incertitude, de la complexité et de la qualité dans la recherche opérationnelle.