Ce texte porte sur le Vercors (Drôme et Isère), pris au sens large puisqu'englobant le Parc naturel régional dans sa totalité. L'auteur s'est attaché à situer la mesure agri-environnementale, dite article 19, dans le cadre des luttes ancestrales pour la maîtrise de l'espace dont les communes du Vercors sont le théâtre, en particulier pour le contrôle de la forêt et de ses usages. Il a voulu aussi saisir les relations des éleveurs et agriculteurs avec la flore et la faune qui constituent un enjeu très important des mesures agri-environnementales, y compris dans l'ordre symbolique. Sont ainsi mis en évidence les effets des réintroductions nombreuses auxquelles se sont livrées les institutions gestionnaires (Parc, Office national des forêts...) sur une paysannerie qui se sent de plus en plus dépendante de décisions prises hors de son contrôle, sans consultation, et qui a le sentiment de perdre toute emprise sur son espace. Ce rapport comporte l'analyse de nombreux entretiens avec les agriculteurs et les chasseurs-éleveurs du Vercors, qui ressentent avec force le refus de prise en considération de leurs connaissances et de leurs savoirs par les experts. Il s'avère, en conclusion, que les périodes de changement dans le monde agricole doivent être accompagnées, pour les groupes sociaux concernés, de soutien par d'autres groupes et par des appareils d'encadrement afin de leur permettre de refonder leur identité sociale.