La réforme de la PAC, décidée en mai 1992 a des répercussions importantes sur l'économie des exploitations de grande culture, d'une part sur les revenus agricoles, d'autre part sur les choix de gestion des agriculteurs confrontés à une jachère obligatoire, à des prix des produits agricoles fortement en baisse, à des aides compensatoires distribuées selon un mécanisme qui fait intervenir des rendements de référence plus ou moins éloignés des rendements physiques des cultures de leur exploitation. Un certain nombre d'adaptations peuvent être envisagées de façon à tirer le meilleur parti de la nouvelle conjoncture. Pour les étudier, les auteurs s'appuient sur une modélisation d'exploitations-type, sur quelques cas individuels et aussi sur divers dépouillements de résultats issus du Réseau d'information comptable agricole, des sondes grande culture et de certains centres de gestion. En premier lieu, ils retracent les conséquences directes de l'application de la réforme, compte tenu des aménagements qui sont intervenus entre 1992 et 1993. Puis ils mettent en évidence l'impact des modifications déjà observées dans les combinaisons culturales, celles au niveau des intrants, et s'intéressent aux modes de conduite de chacune des cultures pratiquées dans ces exploitations (blé tendre, orge d'hiver et de printemps, maïs-grain, sorgho, soja, colza et tournesol). Ensuite, l'économie des charges de structure est abordée principalement à travers l'analyse des frais de mécanisation et des moyens de les réduire. Plusieurs solutions sont examinées comme le recours à l'entreprise de travaux, l'achat en commun des matériels, et notamment de la moissonneuse-batteuse, ainsi que les conséquences de l'agrandissement des exploitations. L'évolution des autres charges de structure au cours des dernières années est analysée en ce qui concerne les postes fermage, assurance, frais de personnel, coût des bâtiments. Les auteurs continuent enfin avec les charges financières et les charges sociales de l'exploitant. Une approche rapide des situations financières difficiles est également proposée. En conclusion, ils s'interrogent à travers quatre scénarios sur la combinaison des différentes adaptations entre elles. Si les marges d'adaptation mises en évidence ont un effet notable sur le revenu des exploitations, elles ne sont cependant pas faciles à mettre en oeuvre. La tendance est plutôt d'en différer l'application lorsque la pression sur les revenus n'est pas très forte, comme cela semble le cas pour 1993 et 1994.