Est abordée la question de "l'autre" à la campagne à partir de l'analyse de la dynamique des relations entre représentations professionnelles et représentations esthétiques de l'espace rural. Dans cette perspective, "l'étranger à la campagne" n'est pas nécessairement et exclusivement celui qui vient d'un ailleurs géographique, celui qui est extérieur à ce qu'on appelle traditionnellement la "communauté villageoise" : c'est d'abord celui qui voit dans la campagne des "paysages" et porte un "jugement de goût" sur les produits historiques de l'aménagement professionnel (et pour l'essentiel agricole) de l'espace rural. De ce fait, le groupe dominant au village peut le traiter aussi bien en hôte et en ami qu'en intrus et en ennemi. Il peut laisser indifférent ou séduire, faire sourire ou irriter. Tout est affaire de circonstances et de rapports de force entre les conceptions de l'usage des terres. Après avoir énoncé les raisons pour lesquelles il est fait une distinction entre la campagne du paysan et celle de l'esthète, l'auteur s'efforce à retrouver la genèse d'un processus d'esthétisation de l'espace rural qui, aujourd'hui, associé à la montée en puissance de la préoccupation environnementaliste, finit peu à peu par toucher la profession agricole elle-même.