Les auteurs partent d'une comparaison entre les coutumes d'entraide rapportées dans les campagnes du nord de la Chine, au début des années quarante, et celles qu'ils ont pu observer à Taiwan à la fin des années 70. Par-delà les différences de périodes et de lieux, ils constatent la même opposition entre des formes d'entraide informelles, ancrées dans des systèmes d'échanges multiples, et d'autres pratiques plus formelles, fondées sur une stricte réciprocité. Dans les deux cas, une même sociabilité est mise en oeuvre, "médiate" en ce qu'elle implique une véritable construction des relations interpersonnelles, nourries de cadeaux et services réciproques et facilitées par des intermédiaires en tous genres. La thèse des auteurs, qui étudient ensuite le mouvement de coopération agricole lancé par les autorités communistes, est que cette sociabilité est totalement étrangère aux pratiques communautaires que ces autorités essayent alors d'instaurer, éclairant ainsi les difficultés que rencontrera ultérieurement la collectivisation en Chine.