Les démarches participatives: un moyen pour faire évoluer conjointement les perceptions et les pratiques d'élevage dans la société et dans l'Institut ? Résumé Le bien-être des animaux d'élevage est une question qui interpelle l'ensemble de la société. Le mode de logement des animaux est particulièrement visé, notamment dans les systèmes ou les animaux sont confinés (truies, lapins, poules). Dans ce contexte, les unités expérimentales et le mode de production de connaissances de l'Institut doivent s'adapter pour accompagner les évolutions de la société. Le projet 3L (Living Lab Lapin ; 2018-2021) est un projet de recherche participative, basé sur la méthode du Laving Lab, qui a pour objectif de concevoir des systèmes cunicoles qui représentent une évolution notable pour le bien-être des lapins, perceptibles par les consommateurs et acceptables pour les éleveurs. Les acteurs impliqués sont des membres de la filière, des acteurs de la distribution, des représentants des consommateurs et 2 associations de protection animale. Après le mise en place des règles de fonctionnement pour favoriser le dialogue et la prise de décision (création de collège, consentement systémique), les idées émises par ces acteurs pour atteindre l'objectif se sont traduits par la mise en place de sept essais menés en 2018 sur l'IE PECTOUL. Il s'agissait d'évaluer les effets de la dimension du logement (hauteur, longueur), la nature du sol (grillage ou caillebotis), son enrichissement (terrier, matériaux à ronger), son agencement (toit ou non, plateforme, position des terriers) et la taille du groupe (femelles seules ou en groupe, lapereaux en petits ou grands groupes) sur l'expression des comportements propres à l'espèce et leurs performances (Fortun-Lamothe et al., 2019). Nous avons montré que certaines configurations permettent d'observer des comportements naturels non exprimables en système conventionnels (ronger, bondir, se dresser, se cacher, explorer, avoir des interactions sociales positives) ou d'être plus confortables (caillebotis) par des choix compatibles avec les contraintes d'élevage. Toutefois, en l'état actuel, l'élevage des femelles en groupe ne semble pas compatible avec la notion de bien-être (comportements agonistiques et blessures). En dernière partie du projet, les innovations produites seront testées en ferme commerciale. Au-delà de l'acquisition de connaissances sur la biologie du lapin et les systèmes cunicoles, les échanges inhérents à la démarche participative sont très riches d'enseignements et révèlent de fortes différences de perception de l'animal dans son système d'élevage entre acteurs d'origine variée. Cette démarche se révèle également féconde concernant nos pratiques de recherche. D'une part, les modalités testées ont permis de concevoir un nouveau logement modulable, pertinent à la fois pour les essais expérimentaux à visée agronomique et ceux à visée fondamentale, et compatible avec la réglementation sur l'expérimentation animale. D'autre part, les résultats obtenus viennent enrichir le fonctionnement de la structure chargée du bien-être animal de notre IE.