PHYTOPLANCTON & CHAÎNE TROPHIQUE - INRAE - Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Subaqua Année : 2016

PHYTOPLANCTON & CHAÎNE TROPHIQUE

Résumé

SUBAQUA Septembre-Octobre 2016-N° 268 ton devrait accroître la quantité de ces acides gras à longue chaîne insaturés en réponse à la baisse des températures afi n de maintenir une certaine fl uidité au sein de ces membranes cellulaires. Inversement, le réchauffement entraînerait une réduction de ces acides gras au profi t d'autres, comme les omégas 6 ou ceux dit saturés cette fois, ce qui permettrait de maintenir une certaine rigidité membra-naire. On comprend donc que la température agirait sur la proportion des différents types d'acide gras afi n d'optimiser la survie, la croissance et la reproduction des micro-organismes. Mais vous l'aurez compris, on ne parlait surtout jusqu'à ce jour qu'au conditionnel. La question était donc de savoir quelles seraient les répercussions de ces modifi ca-tions sur l'ensemble du réseau trophique, c'est-à-dire des organismes aquatiques et terrestres qui dépendent directement ou indirectement du phytoplancton et de son cortège d'acides gras ? La réponse proposée par Stefanie Hixson et Michael Arts repose sur une analyse critique de la littérature existante (soit plusieurs centaines d'articles) mettant en relation température et proportion ou quantité des acides gras dans du phytoplancton marin mais aussi d'eau douce. Il ressort de leur analyse que la température et la proportion des différents acides gras sont fortement corrélées. Plus exactement la température est fortement associée avec une baisse de la proportion des omégas 3 et au contraire une augmentation des omégas 6 et des acides gras saturés. Ces résultats attendus mais pour la première fois mis en lumière à l'échelle globale ont alors permis aux auteurs de prédire que la production des omégas 3 devrait être réduite d'environ 8 % pour l'EPA et de 28 % pour le DHA si la température des eaux augmente de 2,5 °C, en particulier dans certains groupes phytoplanctoniques les plus importants comme les diatomées. Cela équivaudrait au minimum à une perte de plus de 14 millions de tonnes rien que pour la production d'EPA à l'échelle de l'océan mondial (sur un total estimé à environ 240). On ne peut qu'imaginer les conséquences forcément négatives sur toutes les espèces dépendant pour une variété de fonctions physiologiques de cette ressource. La modélisation mathé-matique permettra à coup sûr de répondre précisément à cela et de prendre la mesure, encore une fois, des méfaits du réchauffement climatique, sur la vie et production marine et des services qu'elle fournit. ■ Article qui a inspiré cet article : Hixson & Arts. 2016. Climate warming is predicted to reduce omega-3, long-chain, polyinsa-turated fatty acid production in phytoplankton. Global Change Biology 22 : 2744-2755 INFOS RECHERCHE STÉPHAN JACQUET Responsable de rubrique Quels sont les apports du phytoplancton dans la chaîne trophique et quelles sont les incidences du réchauffement climatique sur ces apports ? Stéphan Jacquet, en s'appuyant sur les travaux de Stephanie Hixson et Michael Arts, nous donne une amorce de réponse… Le phytoplancton (ou si vous préférez le plancton végétal) assure près de la moitié de la production primaire de notre planète, à égalité, donc avec l'en-semble des végétaux supérieurs que l'on trouve sur les continents. Dit différemment, une bonne partie de l'oxygène produit sur Terre vient des micro-orga-nismes aquatiques qui composent le phytoplancton. Parmi les molécules complexes que ce phytoplancton est capable de produire, il y a des acides gras (ce sont des lipides) qui sont importants dans la structure des membranes cellulaires et qui vont aussi servir de nourriture aux consommateurs qui sont incapables de les synthétiser. Ainsi les acides gras dits insaturés à longue chaîne (ce qui ont plus de 20 atomes de carbone) sont des composés actifs qui sont critiques dans de nombreuses fonctions physiologiques chez l'animal dont l'homme. On peut citer leur rôle dans certaines fonctions neurologiques, cardiovasculaires, liés à la vue, à la croissance, la reproduction, la ré-ponse immunitaire, etc. Vous connaissez très bien certains d'entre eux car la publicité aime régulière-ment nous rappeler leur existence et leur bienfait sur notre santé. Les omégas 3 font partie de ces acides gras et on peut en citer deux qui sont bien connus et produits par différents groupes du phytoplancton (les diatomées, les dinofl agellés ou encore les crypto-phycées) : l'acide eicosapentaenoique (EPA) et l'acide docosahexaenoique (DHA). Désolé pour ces noms barbares ! Retenons plutôt qu'ils sont, lors de l'inges-tion du phytoplancton par le zooplancton, transmis le long de la chaîne alimentaire et on sait qu'ils sont critiques pour la santé et la fonction optimale de nom-breux prédateurs aquatiques mais aussi terrestres. Je ne vous apprendrai rien si je vous dis et redis que la température s'accroît depuis de nombreuses dé-cennies. Au même titre que la lumière, la température est un facteur clef dans la croissance du phytoplanc-ton et de sa répartition dans la colonne d'eau et lati-tudinale. La question est aujourd'hui posée de savoir les conséquences du réchauffement des eaux sur le phytoplancton et notamment ses constituants ou les molécules qu'il produit, notamment ces acides gras dont on vient de rappeler l'importance ci-dessus. Il a déjà été suggéré par le passé que le phytoplanc
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Stéphan Jacquet. PHYTOPLANCTON & CHAÎNE TROPHIQUE. Subaqua, 2016. ⟨hal-02916418⟩
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