L'entretien des fossés comme levier pour limiter la contamination des eaux par les pesticides
Abstract
Le constat désormais récurrent de la contamination des eaux superficielles et souterraines, notamment par les pesticides (Commissariat Général au Développement Durable, 2011) a conduit à de nouvelles réglementations pour reconquérir la qualité des eaux (Directive Cadre Européenne sur l'eau 2000/60, Grenelle de l'Environnement 2007). Leur mise en oeuvre suppose de concevoir des modes de gestion agricole (changement de pratiques, limitation des usages) et paysagère (haies, terrasses, fossés, zones humides...) pour limiter les impacts sur la qualité des eaux. Parmi les infrasctructures paysagères, les fossés sont largement répandus dans les paysages agricoles. Initialement creusés pour différents usages selon les régions (drainage des eaux excédentaires, maîtrise du ruissellement et de l'érosion des sols), les réseaux de fossés jouent un rôle important mais encore insuffisamment pris en compte dans l'analyse et la gestion de la contamination des eaux par les pesticides. A cet effet une méthodologie de diagnostic des réseaux de fossés en fonction des conditions de milieu a été développée afin de fournir aux gestionnaires des masses d'eau le moyen i) d'évaluer les différents impacts (rétention, infiltration) des fossés dans la contamination des eaux et ii) d'identifier les modes de gestion les plus adéquats. Les travaux présentés ici ont été menés, dans le cadre d'un projet co-financé par l'AFB et d'une thèse financée par l'INRA, et s'appuyant sur l'observatoire OMERE (www.obs-omere.org), des observations de fossés sur les bassins versant de Roujan (Hérault, Omere), de la Morcille (Beaujolais) et du Ruiné (Charentes) à partir de laquelle une typologie des fossés a été établie, sur des expérimentations au laboratoire notamment pour déterminer les propriétés de soprtion des substrats de fond de fossés, ainsi que sur des explorations numériques de rétention dans les fossés selon leurs propriétés et pour différentes crues contaminantes. Ils montrent ont :-La rétention des pesticides à l'échelle d'un fossé est très variable, de 0,5 à 99 %. Elle dépend, en plus de la nature de la molécule pesticide, des caractéristiques physiques du fossé, et de la végétation et des résidus (litière, cendres) consécutifs aux pratiques d'entretien (curage, fauche, désherbage chimique, brûlis). Pour des molécules hydrophobes (telles le diuron et le chlorpyrifos), la rétention est la plus élevée en présence d'un fort taux de matière organique et de cendres dans le fossé, tandis que pour une molécule hydrophile comme le glyphosate, la rétention est plus importante dans les fossés incisés dans des sols à texture fine et avec cendres. En outre, la sorption augmente avec la taille de la section des fossés. Ainsi, pour augmenter la rétention, il faut préconiser des fossés larges, entretenus par brûlis ou fauchage.-L'évolution du fossé suite à une pratique (repousse végétale, décomposition de la matière organique…) différant selon la pratique et la saison, le taux de rétention évolue également dans le temps. Aucune pratique ne s'est ainsi révélée être systématiquement supérieure aux autres, ce qui incite à combiner plusieurs pratiques dans le temps. Ainsi, une stratégie d'entretien consistant à brûler les fossés en hiver et faucher tardivement, en fin d'été, permettrait probablement d'optimiser la capacité de rétention des fossés sur l'ensemble de l'année.-La localisation au sein du bassin versant des fossés présentant la meilleure capacité de rétention a également un effet sur la qualité des eaux arrivant à la rivière. Les résultats actuels indiquent que la
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