Face aux diverses crises économiques, sociales, sanitaires, survenues depuis la fin du XXe siècle, le monde agricole et ceux de la transformation et de la distribution doivent relever de nombreux défis sociaux, environnementaux et économiques. L’ensemble de la chaîne de valeur des systèmes alimentaires est concerné : consommateurs-citoyens, entreprises, agriculteurs, monde associatif et décideurs (Galliano, Raynaud, 2015). De nouveaux comportements, de nouvelles actions et innovations émergent pour répondre à ces enjeux de durabilité des systèmes alimentaires. Cette évolution s’inscrit dans un contexte où, d’une part, les consommateurs sont de plus en plus exigeants en termes de qualité, de sécurité, de traçabilité, de durabilité des produits (Murdoch et al., 2000 ; Trobe 2001 ; Dubuisson-Quellier 2009), mais aussi en termes de prix (Aschemann-Witzel, Zielke, 2017). D’autre part, les exploitations agricoles et les entreprises agroalimentaires cherchent activement à améliorer compétitivité et rentabilité (Capitanio et al., 2009) en ayant notamment le moins d’impacts négatifs possibles sur l’environnement. Face à ces exigences souvent antagonistes, les agriculteurs et les chaînes de transformation et de distribution sont contraints d’innover et de réorganiser leurs activités (Bock, 2012). La question centrale de ce cahier et des contributions qui y sont rassemblées consiste précisément à interroger la manière dont les innovations axées sur la durabilité encouragent l’ensemble des acteurs des systèmes alimentaires à repenser leurs modes d’organisation et à développer des collaborations et expérimentations intersectorielles.