Influence de la composition et de la structure des paysages agricoles sur la présence et l’abondance en oiseaux communs. Cas du Marais Poitevin
Résumé
Au cours du temps, la modernisation de l’agriculture s’est progressivement accompagnée d’une homogénéisation des paysages agricoles, qui est un des principaux facteurs contribuant au déclin de l’avifaune. L’hétérogénéité des paysages est un élément clé de la préservation de l’avifaune. Le marais Poitevin est la seconde zone humide de France. Importante halte migratoire, il est reconnu pour sa richesse en oiseaux. Cette biodiversité résulte
d’un grand nombre de milieux. Dans cette étude, nous avons analysé les liens entre paysage et avifaune. Dans le marais Poitevin, nous avons suivi les populations d’oiseaux communs sur trois sites qui rendent compte d’un gradient de densité de cultures et de prairies naturelles humides : un site composé de prairies, un site composé de cultures et un site mixte composé de cultures et de prairies. Nous avons effectué 90 points d’écoute durant
la période de reproduction des oiseaux communs. A partir de ce dispositif, nous avons cherché à mettre en évidence l’effet de la composition et de la structure du paysage sur la présence et l’abondance en oiseaux. Notre objectif était de vérifier si la complémentarité prairie/culture a une influence positive sur la richesse spécifique. Dans un premier temps, nous avons considéré une échelle de 300 mètres autour des points d’écoute afin de décrire le paysage environnant les buffers. Une analyse multi-variée nous a permis de caractériser ces buffers au regard de leur composition et structure. Des analyses statistiques nous ont permis d’expliquer la présence et l’abondance en oiseaux au regard des différentes variables de descriptions du paysage. Les résultats montrent que le site mixte comporte une richesse spécifique plus élevée tandis que le site prairie présente une plus grande abondance en oiseaux. La richesse en oiseaux du site mixte résulte de la présence de prairies naturelles et d’un grand nombre d’éléments semi-naturels. A l’échelle des trois sites, la présence de prairies naturelles est le meilleur prédicteur de l’abondance et de la richesse spécifique. Les paysages au maillage fin (avec une majorité de petites parcelles) favorisent également la biodiversité en oiseaux. Pour ce qui est de la réponse des
espèces aux variables de description du paysage, elle est différente en raison de la spécialisation des espèces au milieu cultivé ou prairial. Ces résultats soulignent l’importance de l’hétérogénéité des paysages dans la conservation de l’avifaune et de l’intérêt des prairies dans les paysages cultivés.