Par-delà de « seconds animaux » : donner sens à une éthique pour les plantes - INRAE - Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement Accéder directement au contenu
Chapitre D'ouvrage Année : 2021

Par-delà de « seconds animaux » : donner sens à une éthique pour les plantes

Résumé

Concern for what we do to plants is pivotal for the field of environmental ethics but has scarcely been voiced. Our paper examines how plant ethics first emerged from the development of plant science and yet also hit theoretical barriers in that domain. It elaborates on a case study prompted by a legal article on ‘‘the dignity of creatures’’ in the Swiss Constitution. Interestingly, the issue of plant dignity was interpreted as a personification or rather an ‘‘animalization of plants’’. This sense of irony makes sense when one realizes that on scientific grounds the plant is a ‘‘second animal,’’ i.e., it differs from the animal in degree of life or some ethically-relevant criterion but not in nature. From the point of view of ethics however, plants should be defended for what they are by nature and not by comparison to external references: the ethical standing of plants cannot be indexed to animals. To circumvent this odd fetishism and provide sound basis for plant ethics, we reckon to change the theory of plant science. Common sense tells us this: plants and animals belong to radically different fields of perception and experience, a difference that is commonly captured by the notion of kingdom. In this paper we remind the ethical conversation that plants are actually incommensurable with animals because they are unsplit beings (having neither inside nor outside). This means that they live as ‘‘non-topos’’ in an undivided, unlimited, noncentered state of being. In conclusion, we argue that the unique ontology of plants can only be recognized through a major change, by moving from object-thinking to process-thinking and from ego-centric to ‘‘peri-ego’’ ethics.
Le souci de ce que nous faisons aux plantes devrait être fondamental pour le champ de l’éthique environnementale, et pourtant il n’est encore que rarement exprimé. Notre étude examine comment l’éthique des plantes à fait son entrée en scène du fait de l’avancée des sciences végétales, mais tout en se heurtant aux limites théoriques inhérentes à ce domaine. Elle s’appuie sur une étude de cas qui a vu le jour grâce à un article de la Constitution suisse sur « la dignité des créatures ». Fait intéressant, la question de la dignité de la plante a été réinterprétée comme une personnification, ou plus exactement comme une « animalisation des plantes ». Ce trait d’humour s’explique dès lors qu’on réalise que d’un point de vue scientifique la plante est un « second animal ». Ceci veut dire qu’elle ne diffère de l’animal que par degré, qu’il s’agisse d’un degré de vie ou de tout autre critère ayant valeur éthique, mais pas par nature. Or d’un point de vue éthique, les plantes ne peuvent être défendues qu’en vertu de leur nature propre, et non par comparaison à des références externes : le statut éthique des plantes ne peut être indexé à celui des animaux. Pour contourner le travers d’un fétichisme douteux et fonder l’éthique des plantes de manière juste, nous jugeons nécessaire de modifier les fondements théoriques des sciences végétales. Le sens commun nous rappelle que les plantes et les animaux appartiennent à des champs de perception et d’expérience radicalement différents, cette différence s’exprimant généralement par la notion de règne. Dans cette étude, nous développons l’argument éthique selon lequel les plantes sont incommensurables avec les animaux parce que ce sont des êtres non divisés (n’ayant ni intérieur ni extérieur). Autrement dit, elles vivent comme des « non-topos » dont la forme d’existence est indivise, illimitée et non-centrée. Pour conclure, nous estimons que l’originalité ontologique des plantes ne peut être reconnue qu’à la condition d’un changement majeur, qui est de passer d’une pensée-objet à une pensée-processus et d’une éthique égo-centrée à une éthique « égo-périphérique ».

Domaines

Philosophie
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-03282444 , version 1 (09-07-2021)

Identifiants

  • HAL Id : hal-03282444 , version 1

Citer

Sylvie Pouteau. Par-delà de « seconds animaux » : donner sens à une éthique pour les plantes. Vrin. Textes clés de philosophie du végétal. Botanique, épistémologie, ontologie, , 2021, 978-2-7116-2975-6. ⟨hal-03282444⟩
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