L’objectif général de cette étude est de quantifier économiquement différents scénarios prospectifs d’évolution des systèmes agricoles en lien avec la reconquête de la qualité de l’eau, sur les deux bassins versants du Couesnon et de la Haute Rance. Si la problématique de la qualité de l’eau n’est pas nouvelle, les impacts économiques n’ont pas été souvent quantifiés, tant en Bretagne que pour les deux territoires d’étude. Nous proposons de mesurer ces impacts économiques sur les exploitations agricoles et plus largement sur les filières agricoles avec le calcul des emplois directs (dans les exploitations), indirects (dans les entreprises amont et aval) et induits (dans les autres entreprises). Une première partie fournit un état de l’art des modélisations économiques développées pour étudier cette complexe problématique. Les notions d’emplois directs, indirects et induits y sont explicitées. La deuxième partie liste les données économiques disponibles sur les deux bassins d’étude. Cette disponibilité nous conduit à porter l’effort sur les prédominantes exploitations laitières. La troisième partie décrit tout d’abord le modèle microéconomique développé qui explique les pratiques et motivations économiques de ces exploitations. Les résultats statistiques montrent que leurs achats d’intrants sont sensibles aux incitations économiques, avec par exemple plus d’achats d’aliments concentrés quand le prix du lait augmente. Au contraire leurs décisions d’assolement réagissent très peu. Est ensuite présenté le modèle macroéconomique qui capture les relations économiques entre les agriculteurs et les autres acteurs des territoires et permet de mesurer les conséquences de changement de pratiques sur les revenus, emplois directs et induits. La quatrième partie fournit et analyse les résultats économiques des scénarios d’évolution des systèmes agricoles tels que définis par les acteurs des territoires. Tous les scénarios conduisent à des augmentations des revenus agricoles des exploitations laitières directement concernées. Quelles que soient les hypothèses de calcul, le scénario intensification de la production laitière conduit toujours au plus fort impact sur ces revenus. Par cet effet de création de richesse, tous les scénarios conduisent à des créations d’emploi, surtout induits dans les secteurs non agricoles et agroalimentaires. En revanche, les scénarios de changements de pratique agricole vers plus des systèmes moins ‘intensifs’ en intrants achetés conduisent à des pertes d’emploi dans les industries agroalimentaires, à l’amont et l’aval. De même, ces scénarios conduisent à une dégradation des bilans des minéraux dans les autresterritoires bretons. Cette étude mesure donc des tensions entre des objectifs économiques et des objectifs environnementaux locaux (qualité de l’eau) et globaux (émissions de gaz à effet de serre).