Le conseil agricole à l’épreuve du numérique
Abstract
À l’« ère du digital », les transformations sont massives, profondes et analysées dans tous les secteurs (Boullier, 2016). Dans le secteur médical par exemple, le numérique fait émerger de nouvelles propositions comme la médecine de précision, la télémédecine ou le dossier médical partagé, qui renouvèlent aussi bien les techniques que la relation médecin-patient. Le secteur agricole ne fait pas exception. À l’image de ses impacts dans le champ de la santé humaine, le digital transforme le paysage du conseil agricole.
Le conseil agricole émerge au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, afin d’accompagner les agriculteurs dans l’adoption de techniques et d’outils nouveaux. La relation de conseil repose ainsi essentiellement sur une intervention technique, alliant diagnostic et recherche de pistes d’amélioration. D’abord revendiquée par les organisations professionnelles agricoles (OPA) gérées par les agriculteurs et soutenues par des fonds publics, l’activité de conseil technique aux agriculteurs est ensuite investie par des acteurs privés (Compagnone et al., 2015). En parallèle, le conseil intègre de nouveaux objets : la qualité des produits, leur mise en marché, mais aussi l’intégration des exploitations dans un territoire et l’environnement (Compagnone et al., 2009). Ces dernières années, le conseil agricole s’est vu adresser de nouveaux défis : s’adapter aux spécificités des contextes locaux, adopter une approche globale des systèmes agricoles aussi appelée agroécologique, porter une attention renouvelée à la posture adoptée par le conseiller dans son interaction avec l’agriculteur afin de favoriser la co-conception de solutions et ainsi leur pertinence et leur concrétisation…