Savoirs et conflits autour de l'environnement à la Réunion : une saga forestière
Résumé
Fondé sur la nécessité de sauvegarder les traces d’une végétation endémique, « menacée et en danger », le Parc national de La Réunion (PNRun) a pu être
confronté à une vive opposition et à de nombreux conflits depuis sa création en 2007. Il faut dire que si l’objectif de préserver les vestiges d’une nature préanthropique place La Réunion à la pointe du combat pour la biodiversité et lui permet d’être classée au Patrimoine mondial de l’Unesco (2010), il tend à réduire l’Homme à un facteur de dégradations. Un tel récit décliniste et bio-centré paraît donc peu conciliable avec les missions de valorisation du patrimoine
culturel et de développement économique également inscrites dans la charte du PNRun2 . Mais cette situation quasi-aporétique est-elle vraiment nouvelle à
La Réunion ? Le pessimisme environnemental contemporain n’y ravive-t-il pas certaines plaies du passé ? On ne saurait en effet oublier que cette île de
l’océan Indien fut une colonie jusqu’en 1946 et que le PNRun reprend le périmètre du domaine forestier constitué au XIXe siècle (Illustration 1). La présente
réflexion3 vise donc à questionner la généalogie et l‘évolution des conflits liés à l’environnement à La Réunion en s’intéressant plus particulièrement à la
place des forêts et à l’influence des forestiers. Dans quelle mesure ces derniers ont-ils contribué à faire du pessimisme environnemental un récit à la fois fondateur et hautement conflictuel du territoire ? Comment les controverses et les mobilisations ont-elles, en retour, participé à faire évoluer le cortège de problèmes et de solutions associées aux forêts réunionnaises depuis le début de la colonisation de l’île au XVIIe siècle ?
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