Le développement des Appellations d'Origine Protégée (AOP) s'est construit en alternative aux logiques d'industrialisation et de standardisation des agricultures, en revendiquant des modes de production ancrés dans leur terroir, valorisant souvent des races et espèces régionales, ce qui conduit parfois à présenter les AOP comme des dispositifs favorables à l'agroécologie. Or, différentes réalités d'AOP montrent qu'elles peuvent receler des freins à la transition agroécologique, à l'image d'une part des AOP laitières qui ont historiquement favorisé des logiques d'intensification animale des élevages, lesquelles freinent leur évolution vers des pratiques écologiques. Comment et pourquoi des AOP ont encouragé des processus d'intensification animale, et en quoi cela fait obstacle à la transition agroécologique ? L'organisation de ces AOP peut-elle cependant offrir des leviers de changement favorables à des processus d'amélioration agroécologique ? Dans cette communication, nous traitons ces questions à partir d'une analyse transversale des situations de deux AOP laitières françaises en Pays basque et dans l'Ain, examinées au prisme théorique de l'approche multi-niveaux des « transition studies » grâce à une construction méthodologique ad-hoc. Elles ont été choisies en raison de l'émergence dans leurs territoires de collectifs d'agriculteurs ayant conçu un séchoir commun de fourrages visant à renforcer l'approvisionnement local de l'alimentation animale des systèmes d'élevage. Ce travail met en évidence la difficulté des agriculteurs concernés à avoir prise sur des ressources se révélant stratégiques pour accomplir une transition agroécologique de leurs systèmes d'élevage. Il montre également la logique de promotion collective produite par ces AOC, laquelle peut être considérée comme un levier crucial pour résoudre les défis qui se posent à eux actuellement.