L’objectif de ce court article est de dresser un diagnostic exploratoire sur le travail salarié en milieu pastoral à partir de la sociologie. Je chercherai plus précisément à répondre à la question suivante : comment l'analyse sociologique du salariat nous aide-t-elle à caractériser les évolutions du métier de salarié gardien de troupeaux aujourd'hui ? Dans un premier temps, je présenterai de manière synthétique la manière dont les sciences sociales, et en particulier la sociologie, définissent et appréhendent la question du salariat. Dans un second temps, je caractériserai à grands traits les pratiques plurielles du salariat dans les mondes pastoraux. Enfin, dans un troisième temps, je présenterai quelques-uns des premiers éléments d'une analyse exploratoire des différentes manières - parfois très contrastées - dont les bergers salariés conçoivent le salariat aujourd'hui. A la suite de publications antérieures ayant analysé dans le détail les relations de salariat entre éleveurs et bergers (Lassalle, 2007 ; Lebaudy, Msika & Caraguel, 2015 ; Richard-Frève, 2020) pour en souligner les écueils et en tirer les enseignements en proposant par exemple, à l’instar du travail de Laurent Four (2015), « une nouvelle définition de la relation patron-employé » en milieu pastoral, notre article entend ici rendre compte d’une analyse distanciée des pratiques et controverses relatives aux modes d’encadrement social du travail dans les mondes pastoraux. Notre démarche de « diagnostic exploratoire » ne consiste donc pas à pointer des dysfonctionnements relatifs à l’organisation actuelle du salariat mais à souligner l’existence de désacords qui animent les groupes professionnels de salariés gardiens de troupeaux à propos des modes d’encadrement social de leur travail.