Effet cocktail des perturbateurs endocriniens: bisphénols et cellules ovariennes de granulosa humaines
Résumé
La population humaine est fréquemment exposée à des polluants environnementaux incluant des perturbateurs endocriniens. Parmi eux, le Bisphénol A (un plastifiant notamment utilisé dans les emballages alimentaires, affecte la reproduction en altérant la prolifération et la production d’hormones sexuelles ou stéroïdogenèse (œstradiol et progestérone) des cellules ovariennes de granulosa. Ces fonctions sont essentielles à la croissance du follicule ovarien et à la maturation de l’ovocyte. Le BPA reconnu comme perturbateur endocrinien est interdit en France dans l’industrie agro alimentaire depuis 2015 ce qui a provoqué l’émergence d’analogues structuraux pour le substituer tels que le BPS, BPAF, BPF, BPAP, BPB et BPE analogues non réglementés et aux effets peu connus.
L ’hypothèse de ce travail est que l'homologie structurale de ces molécules peut entraîner des effets similaires. L ’objectif de cette étude consiste donc à étudier les effets in vitro de différents bisphénols seuls et en cocktail sur les cellules de granulosa humaines (CGh).
Les CGh sont collectées par ponction folliculaire réalisée chez des femmes suivant un protocole de Fécondation in vitro (cultivées en milieu McCoy complet) et traitées avec les 7 bisphénols seuls ou leur cocktail équimolaire à 10 ou 50 μM pendant 48h. Les mesures de viabilité prolifération et de sécrétion de la progestérone (P4) et de l’œstradiol (E2) ont été réalisées par dosage ELISA. Un test non paramétrique d’analyse de variance (ANOVA) par permutation suivi d’un test post-hoc de Tukey (logiciel R) a permis d’analyser ces données.
Les BPAF et BPAP induisent une cytotoxicité à 50 µM. Les BPA, BPAF, BPF, BPAP, BPB et le cocktail à 50 μM diminuent la prolifération. Seuls BPAF et BPAP à 50µM induisent une inhibition significative de la sécrétion de l’E2. Les BPA, BPAF, BPAP, BPE, BPB et le cocktail à 10 µM inhibent la sécrétion de P4 et pour toutes les conditions à 50µM.
En conclusion, les 7 bisphénols et leur cocktail équimolaire induisent une altération de la stéroïdogenèse et de la prolifération des CGh. Les BPAP et BPAF possèdent une cytotoxicité supérieure aux autres analogues structuraux. Enfin, le cocktail semble suggérer un effet additif des 7 bisphénols qui serait en faveur d’une réglementation à l’échelle de la famille de ces molécules plutôt qu’une règlementation individuelle.
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