Alimentation pendant la première année de vie et sommeil de l’enfant à l’âge d’1 an dans l’étude ELFE
Résumé
Introduction et but de l’étude : Les problèmes de sommeil (courte durée de sommeil, réveils nocturnes et difficultés
d’endormissement fréquents) touchent environ 20% à 30 % des enfants de moins de 3 ans. Très peu d’études se sont intéressées
aux associations entre l’alimentation dans les premiers mois de vie et le sommeil chez les très jeunes enfants. Ainsi notre objectif
était d’étudier dans quelle mesure certaines pratiques dans la 1ère année de vie (allaitement, utilisation de céréales infantiles)
étaient associées au sommeil de l’enfant (quantité/qualité) à 1 an.
Matériel et méthodes : Les analyses ont porté sur 8 340 enfants de la cohorte ELFE à 1 an. L’alimentation a été collectée de
manière prospective entre la naissance et 10 mois. A partir de ces données, la durée totale de l’allaitement a été calculée et des
trajectoires d’utilisation des céréales infantiles dans la 1ère année de vie ont été modélisées. Cinq trajectoires ont ainsi été
identifiées : jamais, utilisation intermittente, introduction avant 4 mois et persistance, introduction aux alentours de 5 mois et
persistance, introduction aux alentours de 7 mois et persistance. A 1 an, les caractéristiques de sommeil ont été déterminées par
la durée totale de sommeil, la fréquence des réveils nocturnes et les difficultés d’endormissement. Les associations entre la durée
d’allaitement ou les trajectoires d’utilisation des céréales infantiles et les caractéristiques de sommeil à 1 an ont été testées par
des modèles de régressions logistiques multinomiales ajustées sur les principaux facteurs de confusion.
Résultats et Analyse statistique : Une longue durée d’allaitement (≥6 mois) était associée à un risque plus élevé de courte durée
de sommeil (≤12h/24h), de réveils nocturnes fréquents (>2 nuits/semaine) et de difficultés d’endormissement (souvent).
L’association avec la durée de sommeil n’était plus significative lorsque les analyses étaient également ajustées sur les réveils
nocturnes à 2 mois et les habitudes de sommeil à 1 an (lieu d’endormissement de l’enfant, présence parentale, et besoin de sucer
la tétine/le pouce).
Une introduction précoce des céréales infantiles (aux alentours de 5 mois ou plus tôt) était associée également à un risque plus
élevé de courte durée de sommeil, de réveils nocturnes fréquents et de difficultés d’endormissement à 1 an avec ou sans
ajustement sur les réveils nocturnes à 2 mois et les habitudes de sommeil à 1 an.
Conclusion : Les liens entre l’allaitement et les caractéristiques du sommeil à 1 an semblent être majoritairement expliqués par
des pratiques parentales (lieu d’endormissement et présence parentale). Ces dernières sont modifiables et fournissent des pistes
d’interventions à évaluer. En revanche, l’introduction précoce de céréales infantiles (≤5 mois), parfois utilisée par les parents pour
améliorer le sommeil, ne semble pas avoir d’effet bénéfique à 1 an.