Avec leur génome de taille réduite, les mycoplasmes fournissent des plateformes attractives pour le développement de vaccins basés sur l’ingénierie de génomes bactériens. Cependant, derrière cette simplicité génétique se cachent des organismes doués de capacités d’adaptation déconcertantes qui constituent un obstacle majeur dans la conception de nouveaux outils vaccinaux. Ainsi des propriétés conjugatives hors du commun ont été mises à jour chez certains mycoplasmes de ruminants qui se manifestent par des échanges massifs de matériel chromosomique (Citti et al., 2018; 10.21775/cimb.029.003). Ce phénomène appelé transfert chromosomique est associé à la présence chez ces bactéries d’éléments génétiques mobiles de type ICE (Integrative Conjugative Element). L’objectif de cette étude est d’identifier les facteurs bactériens qui participent à la dissémination de ces éléments mobiles. Une cartographie des régions chromosomiques participant au transfert d’ICE a été réalisée chez Mycoplasma agalactiae, une espèce pathogène des petits ruminants et un modèle d’étude de la conjugaison chez les mycoplasmes. Cette étude de génomique fonctionnelle, impliquant la construction d’une banque de 3000 mutants et le développement d’une méthode de criblage à haut débit, a permis la sélection de 18 mutants dont la caractérisation a révélé 12 régions chromosomiques uniques. Des tests de conjugaison entre cellules ICE-positives et mutants ICE-négatifs ont permis identifier 3 mutants réfractaires au passage d’ICE. La découverte d’un même gène inactivé à différentes positions chez ces 3 mutants suggère fortement la participation d’une lipoprotéine de superficie dans le transfert d’ICE chez M. agalactiae. Des tests de complémentation permettront de valider ce résultat et des études de co_immunoprécipitations fourniront des pistes intéressantes afin de comprendre l’interaction de cette protéine avec la machinerie de conjugaison : un pas vers la conception de plateformes génétiquement stables.