Arrière-effets de la régulation du rendement sur la composition azotée des raisins
Résumé
L’azote (N) est un élément essentiel au développement et au rendement de la vigne. Il intervient également dans le processus de vinification et affecte largement la composition du vin. Comprendre l’impact des pratiques culturales sur le métabolisme azoté de la plante permettrait de mieux orienter les choix techniques dans un objectif de qualité et de durabilité (c’est-à-dire moins d’intrants, plus d’efficacité). Cet essai se concentre sur l’impact de la limitation rendement sur la composition des raisins. Un large gradient de charge en fruit a été mis en place dans une parcelle de Chasselas (Vitis vinifera) dans le vignoble expérimental d’Agroscope, Suisse. Le développement de la vigne et la composition des raisins ont été suivis pendant deux ans. La limitation du rendement a amélioré la maturité des raisins. Il est intéressant de noter que les profils aminés des moûts ont pu être distingués en fonction de la charge en fruit, alors que la concentration en azote assimilable à la vendange est restée inchangée. La limitation du rendement a eu un fort arrière-effet sur l’année n+1 en termes de maturation et de composition azotée des raisins : les concentrations d’alanine, acide γ-aminobutyrique, sérine et thréonine ont été réduites. Les arrière-effets de la limitation du rendement ont pu être observés très tôt dans la saison, avant même la maturation des raisins. Cette expérience met en évidence l’influence des pratiques agricoles de l’année précédente sur la composition des raisins avant et pendant la phase de maturation. La modulation de la composition du raisin à la récolte devrait être pensée sur deux années consécutives. Ces résultats contribueront à l’amélioration des modèles prédictifs et des pratiques agronomiques durables en cultures pérennes.