Cette étude vise à acquérir des connaissances sur la volatilisation d’ammoniac après épandage de lisier à la Réunion, pour laquelle il n’existe pas de référence. Nous avons retenu deux situations caractéristiques, contrastées et amenées à perdurer : épandage de lisier bovin sur prairies dans les Hauts et épandage de lisier porcin sur les surfaces cannières. Nous avons caractérisé l’effet du mulch de canne à sucre par comparaison à un sol nu. La volatilisation d’ammoniac a été suivie avec la méthode du bilan de masse et le déterminisme de l’infiltration de l’azote ammoniacal du lisier et celui du pH et de son évolution ont été étudiés sur des micro-placettes. Le comportement des prairies d’altitude est proche de celui des prairies de climat tempéré avec des pertes de l’ordre de 40 % de l’azote ammoniacal apporté ; le rôle du couvert sur l’infiltration du lisier est déterminant pour la volatilisation d’ammoniac. Les résultats sur canne à sucre montrent que l’épandage en présence du mulch conduit à la perte de la quasi-totalité de l’azote ammoniacal du lisier, ce qui réduit fortement l’intérêt agronomique et environnemental de cette pratique ; sur sol nu, les pertes, de moitié inférieures, sont comparables à celles mesurées en régions tempérées sur sol cultivés ; l’effet du mulch est expliqué par sa capacité de rétention du lisier et d’augmentation de la surface d’échange avec l’atmosphère. Ces connaissances sur la volatilisation d’ammoniac pourraient, à terme, être incorporées dans des modules « Volatilisation » permettant de prendre en compte ces pertes environnementales dans des modèles de gestion globale des matières organiques.