Contrairement à une idée fréquemment véhiculée, l’apiculture, y compris lorsqu’elle est pratiquée en amateur, ne s’improvise pas. Si les manuels constituent de longue date une importante ressource, ces connaissances s’avèrent souvent insuffisantes car détachées de leur contexte. Prenant appui sur les travaux de l’anthropologue T. Ingold, nous défendons l’idée que les connaissances et les savoir-faire mobilisés en apiculture ne résultent pas tant de la mise en place d’itinéraires techniques que d’un processus complexe reposant sur l’« éducation de l’attention ». Après avoir explicité en quoi la pratique apicole repose sur des savoirs écologiquement situés, nous mettons l’accent ensuite sur l’importance de cette éducation de l’attention au sein du rucher-école et revenons enfin sur le processus par lequel l’apiculteur développe, au sein de son propre rucher, une plus ou moins grande habilité.