L’agriculture incarne l’intrication constitutive des plantes, des nourritures et des vies humaines. En obscurcissant les liens qui sous-tendent cette intégration, la rationalité nominaliste a fait disparaître peu à peu la compréhension des dynamismes inhérents aux processus naturels, en particulier ceux qui prennent part à l’édification des plantes et des nourritures. Recomposer les liens qui unissent, et qui peuvent fonder une éthique, nécessite de faire appel à une phénoménologie des forces formatrices à l’oeuvre. Cet examen prend son éclairage dans la conception de la connaissance chez Goethe, selon laquelle le tout se déploie en se particularisant dans des degrés qui sont reliés par des lois de métamorphose. Les plantes offrent un enseignement magistral de la gradation organique, qui peut s’appliquer à tous les plans d’organisation allant des semences jusqu’aux sociétés humaines.