Spatialisation multi-échelle des émissions de N2O par les sols et de leur potentiel d’abattement en Région Bourgogne Franche-Comté : intérêts, limites et pistes de valorisation pour l’aide à la décision dans le cadre de la transition écologique aux échelles loco-régionales
Résumé
L’inventaire français des émissions anthropiques de gaz à effet de serre (GES) attribue aux émissions de
N2O (oxyde nitreux) par les sols fertilisés une contribution de 42 % des émissions du secteur agricole, soit
8 % des émissions totales [1]. N2O présentant un pouvoir de réchauffement global environ 300 fois
supérieur à celui du dioxyde de carbone (CO2), l’évaluation des potentiels d’émissions et/ou de réduction
de ce gaz apparait indispensable à la définition et la mise en œuvre de politiques visant à atteindre les objectifs
de réduction fixés aux niveaux international comme national ou régional.
Pour estimer les émissions de N2O par les sols, trois méthodes d’inventaire, aux exigences croissantes (Tier
1, 2 ou 3), sont aujourd’hui mises en œuvre sur recommandation du GIEC. La méthode de niveau 1 prend
en compte uniquement la quantité d’azote (minéral et organique) apportée à la parcelle à laquelle est appliqué
un [2] ou des coefficients d’émission [3]. Les méthodes de niveau 2 adaptent les facteurs d’émissions par
pays sur la base de références locales. La méthode de niveau 3 mobilise des modèles mécanistes d’émission.
Enfin, des travaux mettant en évidence le rôle prépondérant du pH en tant que déterminant de la capacité
des sols à réduire le N2O, caractérisée par l’indicateur rmax [4] ouvre la voie aux calculs de potentiels
d’abattement par correction du pH des sols.
Pour quantifier les émissions de N2O par les sols en Bourgogne Franche-Comté, et leur potentiel
d’abattement, nous avons appliqué la méthodologie Tier 1 et deux modèles Tier 2 ([5]; [6]) ainsi que
l’approche rmax, en mobilisant des bases des données pédologiques, climatiques et culturales [7,8,9,10,11].
Au-delà de la présentation des modèles, nous présenterons les résultats obtenus et les incertitudes qui leurs
sont associées en fonction des bases de données sources exploitées. Seront discutés également les
problématiques liées aux données (résolution, qualité, confidentialité) et aux méthodes de spatialisation.
Enfin un point sera consacré à la dissémination des résultats obtenus auprès des décideurs via le dispositif
régional d’observation, d’analyse et de prospective air-énergie-climat OPTEER [12] en vue de l’aide à la
décision et de la mise en œuvre et du suivi des politiques de réduction des émissions de GES.
Cette étude est réalisée dans le cadre du projet NatAdGES, soutenu par le programme Investissement d’avenir, projet ISITEBFC (contrat ANR-15-IDEX-0003), le FEDER, BPI France et le CMI-Roullier.