Les sociétés rurales anciennes de Corse comme de Sardaigne sont caractérisées par de fortes inégalités, d'une part physique, dues à des contrastes entre des plaines ou coteaux à fort potentiel agronomiques et des montagnes rocailleuses, et d'autre part foncières, avec la concentration des terres par des notables ruraux. Prendre en compte ces inégalités grâce à une approche en termes de systèmes agraires étagés permet d'éclairer les dynamiques contradictoires des agricultures des deux îles. Les travaux de Giuseppe Doneddu donnent toutefois une avance à la recherche sarde grâce à ses travaux sur la formation des classes rurales aisées en Sardaigne à l'époque moderne, leur accaparement du bétail et progressivement la concentration du foncier pastoral dans leurs mains. Dans l’autre île, pourtant elle-même agro-pastorale, « une voie corse vers le développement » basé sur les cultures pérennes plutôt que l’élevage se dessine et façonne le paysage.