Un système bovin pratiquant la polyculture-lait a été suivi pendant un an. L’ensemble des interventions sur culture et animaux ont été enregistrées ainsi que les consommations d’aliments et les données climatiques (ensoleillement, précipitations et vitesse du vent). Le système se compose d’un sous-système cultures de rente (SSC, blé, orge, triticale, colza) et d’un sous-système laitier (SSL, animaux, cultures fourragères) complètement hors-sol. Les catégories d’impacts considérées dans l’ACV sont le changement climatique (CC, kg CO2 eq.), la demande cumulative en énergie (DCE, MJ), l’eutrophisation (EU, kg PO43- eq.) et l’acidification (AC, kg SO2 eq.). Elles ont été obtenues à partir des méthodes CML 2001 et TCED. L’unité fonctionnelle retenue pour l’ACV est 1000 kg de protéines produites. Les indicateurs Emergy retenus sont la transformité (Tr, seJ.J-1, ratio flux d’Emergy solaire totale entrant dans le système/flux d’énergie totale sortant du système), le % d’Emergy renouvelable (% R, part d’Emergy d’origine renouvelable dans le flux global d’Emergy du système), et le rendement Emergy (EYR, ratio entre l’Emergy totale des intrants et l’Emergy des intrants provenant de l’activité humaine). La ferme a été analysée par ces deux méthodes aux échelles du système et de chaque atelier.Les résultats ACV montrent que par 1000 kg de protéines produites, l’atelier animal est plus impactant pour tous les indicateurs (tableau 1). Il nécessite plus d’Emergie pour produire un joule de produit, utilise peu les ressources naturelles renouvelables (%R inférieur à 10 %) et est très dépendant d’intrants issus de l’activité humaine. Tableau 1. Impacts environnementaux des sous systèmes culture et laitier, exprimés par 1000 kg de protéines Indicateur Culture Laitier CC 2199 12413 DCE 14917 33218 EU 25,4 35,7 AC 44,0 92,0 Tr 1,13E+04 7,4+13 %R 35,8 9,5 EYR 1,6 1,2 La combinaison des deux méthodes permet de réaliser des profils environnementaux sous forme radar en fonction de l’impact le plus fort (figure 1). Figure 1 : profil environnemental de l’exploitation et des deux sous-systèmes culture (SSC) et laitier (SSL) Le profil de la ferme entière se situe entre les profils du SSL et du SSC sauf en ce qui concerne la dépendance aux intrants non renouvelables (EYR proche de celui du SSL). La faible utilisation d’intrants renouvelable (%R) dans le SSL influence fortement le profil du système entier. L’analyse combinant deux méthodes d’analyse environnementale de ce système montre l’importance de la prise en compte des ressources naturelles d’origine renouvelable dans les bilans environnementaux, ce qui est peu le cas actuellement. Cela souligne aussi l’importance d’une faible dépendance aux intrants industriels, favorisant par exemple le pâturage dans le cas des systèmes laitiers. D’un point de vue méthodologique, la combinaison de l’ACV et de l’Emergy semble particulièrement intéressante pour identifier les points forts et faibles d’un système de production d’un point de vue environnemental. Cette combinaison permet de dépasser le débat lié à l’unité fonctionnelle de l’ACV et de d’introduire dans les analyses environnementales certains services éco-systémiques.