En 2000 et 2001, l’INRA a financé des projets de recherche à visée intégrative sur le pâturage. Un équipe de 22 chercheurs, issus de 10 laboratoires, INRA (4 départements), Cnrs, ENSA Montpellier et Institut de l’élevage, a traité du thème : Conservation des milieux (naturels et semi-naturels) : les références pastorales face aux attentes environnementales. La plupart des scientifiques impliqués participaient alors, aux côtés de politiques, de techniciens, d'environnementalistes et d'agriculteurs, à la mise en œuvre concrète d'actions pastorales visant à conserver ou restaurer localement des milieux naturels. Il s'agissait des Opérations locales agri-environnementales (OLAE), des plans de gestion de sites Natura 2000 et du volet environnemental des Contrats Territoriaux d'Exploitation (CTE). Les milieux concernés étaient en grande majorité des prairies, pelouses, landes et sous-bois gagnés par la broussaille en raison de la modification des pratiques de pâturage faisant suite à la modernisation de l'agriculture : intensification des cultures et des pâturages sur les meilleures terres en fonds de vallées et sur les plateaux, abandon progressif ou brutal des terrains en pente, en terrasses, et sur sol plus superficiel. Les questions qui se posent alors relèvent de la gestion de ces milieux, après des siècles d'exploitation intensive et quelques décennies de délaissement. Comment maîtriser les dynamiques écologiques qui, à terme, homogénéisent ces paysages et mettent en péril les habitats d’espèces sauvages ? Comment intervenir pour piloter leur évolution, préserver les espèces menacées de disparition à l'échelle régionale, nationale ou européenne, assurer une biodiversité satisfaisante, mais pour qui et selon quels critères ? L'ambition du projet multi-organismes et pluridisciplinaire a donc été d'essayer de mieux comprendre comment les nouvelles politiques pastorales à finalités environnementales interpellent les modèles zootechniques, agronomiques et écologiques, dès lors qu'il s'agit de les traduire en termes opérationnels. Ceci, sur la base d’un constat préalable et partagé : il existe (-ait) de grandes lacunes en matière de références pastorales susceptibles d'aider à concevoir des conduites de troupeaux à fins d'entretiens de milieux « sensibles », c'est-à-dire des milieux vis-à-vis desquels des attentes spécifiées - non issues du monde agricole - donnent un sens à de nouvelles pratiques pastorales.