Les écosystèmes aquatiques urbains sont soumis à une multitude de stress anthropiques et hébergent des communautés fragilisées. La lumière artificielle nocturne (ALAN : Artificial light at night) provoque de nombreux dommages sur les écosystèmes aquatiques (Gaston et al. 2014) : changement dans la composition des communautés végétales (Grubisic et al. 2017), perturbation des cycles photosynthétiques (Maggi et al. 2020), changement des interactions entre les espèces (Moore et al. 2000). Alors que la littérature concernant les impacts de l’illumination nocturne sur la biodiversité urbaine se développe, les impacts combinés avec d’autres types de stress urbains, en particulier la contamination chimique, sur les producteurs primaires aquatiques restent inexplorés. Dans ce contexte, une approche expérimentale en conditions contrôlées a été mise en place pour comprendre les effets singuliers et combinés de deux perturbations spécifiques du milieu urbain (ALAN et contamination chimique par le chlorure de dodécylbenzyldiméthylammonium BAC12) sur les biofilms aquatiques. En effet, le BAC12 est un biocide utilisé dans plus de la moitié des produits virucides recommandés par l'US EPA (Environnmental Protection Agency) contre le SARS-CoV-2 (US EPA 2020). A forte concentration, le BAC12 provoque une diminution de l’activité photosynthétique dans les biofilms aquatiques (Vrba 2021). La bioaccumulation du BAC12 dans les biofilms exposés ou non à ALAN, et la réponse de ces derniers en termes de biomasse, composition taxonomique, activité photosynthétique, et composition en acides gras (dont essentiels) ont été étudiés au cours d’une expérimentation d’un mois. Les premiers résultats semblent indiquer que ALAN et le BAC12 à concentration environnementale, seuls, n’ont pas d’effet physiologique sur les biofilms. Cependant, lorsque ces deux stress s’exercent simultanément, ils diminuent l’activité photosynthétique des biofilms, pouvant ensuite provoquer un déséquilibre dans la chaîne trophique, et impacter les niveaux supérieurs tels que les poissons brouteurs.