Ce texte explore la façon dont les instruments de politique publique, à la jonction des objectifs du «produire autrement » et de la « réduction des usages des pesticides », ont été mobilisés dans des logiques d’action portées par des acteurs au sein du monde agricole. Il s’agit de prêter attention aux apprentissages qu’une lecture en termes de verrouillage sociotechnique peut rendre invisibles. Il s’agit donc de s’intéresser à la façon dont, dans leur fonction, leurs activités, leurs engagements, les acteurs du développement agricole sont porteurs de manières d’envisager la réduction de l’usage des pesticides et cela dans un contexte sociotechnique à chaque fois spécifique, dans lequel ils agissent. Pour saisir la façon dont s’opèrent ces ajustements, la focale est mise sur les activités spécifiques dites «d’intermédiation » visant à problématiser et mettre en mouvement la réduction de l’usage des pesticides. Ces activités sont analysées non au prisme la mise en lien fonctionnelle d’acteurs comme cela est souvent évoqué dans les approches de l’innovation, mais plutôt comme des activités d’initiation, d’accompagnement et de concrétisation de changements négociés. La diversité des formes d’intermédiation telle qu’elle se concrétise dans trois réseaux de développement agricole (nationaux) est présentée et discutée du point de vue des visions et des formes de production et de mobilisation des connaissances pour accompagner la réduction des pesticides.