Pour une éthique des relations avec les plantes dans l’agriculture et l’alimentation
Abstract
La biodiversité cultivée est souvent abordée comme un sous-ensemble de la biodiversité sur laquelle portent les préoccupations écologiques. Ceci occulte le fait que l’agriculture (incluant la foresterie et les pratiques de cueillette) est la principale activité qui modifie les écosystèmes. La logique d’exploitation de la nature n’est donc pas réellement interrogée, comme si un rapport instrumental et utilitariste était un mal nécessaire non questionnable. Or, de nombreux exemples apportent un démenti à ce présupposé d’évidence et montrent les bénéfices partagés d’un rapport respectueux envers les plantes. Dans de nombreuses sociétés dites traditionnelles et pour une diversité de démarches d’écologisation de l’agriculture, les plantes ne sont pas de simples matériaux à exploiter mais des êtres relationnels avec lesquels coopérer. Ces différentes pratiques ne sont pas seulement des postures morales, elles impliquent une pluralité des connaissances, une hybridation de savoirs et des organisations spécifiques. Leur portée dépasse les seules plantes cultivées et englobe les plantes voisines (commensales, haies, etc.), les espèces sauvages et les écosystèmes paysagers. C’est pourquoi nous proposons de développer les recherches là où les relations avec les plantes sont effectives, au sein même de l’agriculture et de l’ensemble des activités « productives ». Notre projet « PlantCoopLab » initié en 2021 va dans ce sens ; il interroge les relations de travail avec les plantes dans le champ de l’alimentation durable. Peu de recherches ont encore exploré une approche éthique globale à partir de l’agriculture. Nous faisons l’hypothèse qu’un socle de considération éthique des plantes, justifiant aussi le respect des autres êtres vivants non-humains, comme des partenaires et non des objets, peut participer à l’écologisation de l’agriculture et à la conception de Solutions fondées sur la Nature (SfN). Au lieu de se limiter à une ingénierie technique, sans agir sur la logique comptable et utilitariste de gestion de « matériels » et de « ressources », nous proposons de reconsidérer la façon même de désigner les plantes dans les énoncés. La considération de l’autonomie agentive des plantes et des relations nouées avec elles dans le travail suppose une réappropriation des ontologies végétales. Reconnaître la part active des plantes comme force de proposition et de coopération pourrait amorcer un changement de paradigme et avoir un effet systémique considérable. Ceci pourrait inciter à reconsidérer l’agriculture paysanne comme un élément de réponse central à l’érosion de la biodiversité. De façon plus générale, la recherche agricole comme l’enseignement universitaire de l’agroécologie sont à reconsidérer dans leur démarche.
Keywords
agentivité des plantes
agriculture
alimentation
éthique végétale
ontologie
relation de coopération
pour l'Agriculture l'Alimentation et l'Environnement : UMR1048 -France 2 Sciences pour l Áction et le Développement : Activités Produits Territoires -AgroParisTech Institut National de Recherche pour l'Agriculture l'Alimentation et l'Environnement : UMR1048 -France Résumé
pour l'Agriculture
l'Alimentation et l'Environnement : UMR1048 -France 2 Sciences pour l Áction et le Développement : Activités
Produits
Territoires -AgroParisTech
Institut National de Recherche pour l'Agriculture
l'Alimentation et l'Environnement : UMR1048 -France Résumé
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