L’affirmation que l’éthique des vertus environnementales (EVE) est anthropocentrique semble intrinsèquement aporétique car elle implique que soit l’anthropocentrisme est vertueux, soit toute la question environnementale est anthropocentrique, traduisant ainsi les vices en vertus ou vice versa. Une autre interprétation est que l’environnement et l’humanité sont pensés avec une conception viciée de la centralité. À l’inverse, si l’on aborde correctement la centralité et si l’humanité et son environnement sont considérés comme une seule et même question, l’accent mis sur l’anthropocentrisme devrait également être différent. En s’appuyant sur l’écosophie de Félix Guatttari, cet article propose que l’EVE doit être basée sur une compréhension philosophique de l’agriculture. De fait, l’agriculture est la matrice organique et épistémique de notre rapport à l’environnement et pas seulement une section d’un environnement abstrait ni un domaine économique parmi d’autres. La crise environnementale est avant tout une crise de l’humanité au sein de sa matrice agricole. Pour être un être humain vertueux à l’égard de l’environnement, il faut de nouveau faire face au fardeau de notre besoin absolu de nourriture et de coopération fructueuse entre les agriculteurs et les plantes, et pas seulement les animaux. Cet article traite de l’importance de l’éthique végétale et de la topologie végétale pour comprendre les spécificités de la matrice agricole. L’accent sera mis sur l’éthique des vertus conçue à partir du végétal et le recadrage de l’anthropocentrisme prenant appui sur une conversation transdisciplinaire avec des praticiens du végétal dans le cadre d’un projet de recherche action.