Restaurer les rivières de l’anthropocène. Le film comme expérience du lien aux vivants - INRAE - Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement Accéder directement au contenu
Communication Dans Un Congrès Année : 2023

Restaurer les rivières de l’anthropocène. Le film comme expérience du lien aux vivants

Marie Lusson

Résumé

L’extraction de graviers, la construction de barrages et les rejets d’effluents pollués ont modifié en profondeur le fonctionnement écologique des cours d’eau au point qu’ils sont devenus ce que l’historien de l’environnement Richard White nomme des « machines organiques » (2011). Quand les écosystèmes ainsi désassemblés n’ont plus la capacité de se rétablir d’eux-mêmes, la restauration apparaît comme la seule solution. Pour autant, de nombreux projets de restauration ne passent pas l’étape des études (Lusson 2021). Les incertitudes alimentent les controverses techniques et sociales : (1) parce que l’ingénierie de la restauration regroupe des pratiques très diverses ; (2) parce que les rivières ne sont pas tout à fait des « machines » qu’il s’agit de « réparer », mais des milieux vivants et habités, faisant l’objet de très nombreux usages - souvent concurrents et irréconciliables (Barraud, Germaine 2017). Dès lors, quel état de rivière privilégier ? Comment tirer parti des controverses plutôt que de les subir (Callon, Lascoumes, Barthe 2001) pour faire « atterrir » les projets de restauration (Latour 2017) ? Notre communication rend compte d’une expérience sociologique et artistique originale dont l’objectif est de développer des outils et des méthodes qui vont dans le sens de la co-construction des projets de restauration. Elle se concentre sur la création d’un film pensé comme médiateur sensible indispensable au rétablissement des relations symétrisées entre experts et riverains. L’idée est de donner accès à des perspectives inattendues et très souvent négligées en articulant de manière simultanée des dimensions techniques, émotionnelles et sociales, mais aussi l’infiniment petit et l’infiniment grand, rendant tangible la pluralité des mondes plus qu’humains à composer. Le film Méandres ou la rivière inventée (Lusson, De Bortoli 2023), emprunte en effet à la fois au registre du documentaire et de la fiction pour créer les conditions d’une expérience partagée de la rivière, quelle qu’elle soit. Il s’adresse autant aux experts des politiques de l’eau qu’aux « profanes », lesquels sont tour à tour invités à adopter le point de vue de radeliers, scientifiques et micro-organismes aquatiques. Il répond en cela à l’invitation de la philosophe des sciences Maria Puig de la Bellacasa pour qui il faut envisager la réparation du monde comme « récupération » (au double sens de healing et reclaiming) suggérant une transformation politique, mais aussi affective et esthétique. Nous arguons que le film facilite la projection dans un futur proche où les rivières pourraient être pensées comme communs

Domaines

Sociologie
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-04290047 , version 1 (16-11-2023)

Identifiants

  • HAL Id : hal-04290047 , version 1

Citer

Marie Lusson, Christelle Gramaglia. Restaurer les rivières de l’anthropocène. Le film comme expérience du lien aux vivants. 10e congrès de l'AFS - Intersections, circulations, Association française de sociologie, Jul 2023, Lyon, France. ⟨hal-04290047⟩
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