Dans les ruines de l’extractivisme : la remédiation inachevée(able) des mines de Salsigne - INRAE - Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement Accéder directement au contenu
Communication Dans Un Congrès Année : 2023

Dans les ruines de l’extractivisme : la remédiation inachevée(able) des mines de Salsigne

Sijia Du
  • Fonction : Auteur
  • PersonId : 1310030

Résumé

Les activités minières génèrent de grandes quantités de résidus (Boudia et al. 2018), c’est-à-dire, des déchets, des matières négligées qui, du fait même des processus extractifs, se retrouvent tirés des sous-sols et entreposés en surface. Les transformations occasionnées, concassage et traitement pyrométallurgique ou chimique, destinés à isoler les minerais recherchés, libèrent aussi de nombreux métaux et métalloïdes qui, soumis aux éléments, sont susceptibles de gagner en toxicité. Une fois les activités minières terminées, ces réactions en chaîne ne s’arrêtent pas. Les résidus les plus fins, ramenés à la surface, occasionnent des pollutions durables – malgré une apparence minérale qui pourrait donner l’impression qu’ils sont inertes. C’est pour cette raison que des travaux de remédiation et mise en sécurité des sites miniers est prévue par le législateur, qu’elle soit mise en place par les entreprises extractivistes ou bien l’Etat quand celles-ci sont défaillantes. C’est ce qui s’est notamment passé pour les mines de Salsigne (1892-2004). A leur liquidation, Mines d’or de Salsigne, le Bureau de recherches géologiques et minières ainsi que l’Agence pour l’environnement et la maîtrise de l’énergie sont intervenus de concert pour engager des travaux de réhabilitation. Malgré des dépenses qui avoisinent les 40 millions d’euros ayant permis de confiner une bonne partie des 14 millions de tonnes de résidus laissés par les entreprises minières (estimation), pollutions et alertes continuent – réactivées à l’occasion d’événements climatiques, comme celui de 2018, qui ont lessivé les sols imprégnés de métaux et métalloïdes pour les précipiter dans les espaces habités et la rivière Orbiel. Cette communication vise à questionner la remédiation. Que signifie remédier pour les experts et les professionnels du secteur ? Jusqu’où peut-on effectivement remédier –et avec quelles obligations de surveillance ? Quels sont les savoirs disponibles et les ignorances qui expliquent les difficultés rencontrées dans la vallée de l’Orbiel (Frickel & Vincent, 2007). Après avoir exposé les premiers résultats d’une enquête empirique menée à propos des opérateurs publics et privés de la remédiation (dans toutes ses acceptions et déclinaisons techniques possibles), nous analyserons les imaginaires sociotechniques des experts et professionnels concernés. Par cela, nous désignons leurs manières d’envisager le futur (Jasanoff et Kim 2015), marquées par la modernité, qui semblent les piéger dans une conception des matières réductrices : soit des ressources soit des rebus inertes manipulables à souhait (Bennet 2010 ; Gramaglia 2020). Nous nous poserons alors la question de savoir comment renouveler ces imaginaires de manière à mieux gérer les « communs négatifs » (Monnin, 2021) qui ne devraient plus être considérés comme des « ruines ruinées » mais bien des « ruines ruineuses ». Nous faisons l’hypothèse que ce renouvellement passera par la prise en compte des expériences et savoirs des populations riveraines, forcées de cohabiter avec les résidus miniers et témoins directs de leurs forces destructrices (Beckett, Keeling 2019).

Domaines

Sociologie
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-04290263 , version 1 (16-11-2023)

Identifiants

  • HAL Id : hal-04290263 , version 1

Citer

Sijia Du, Christelle Gramaglia. Dans les ruines de l’extractivisme : la remédiation inachevée(able) des mines de Salsigne. Colloque Imaginaires miniers & des profondeurs : genèse et destin de l'extractivisme, Université de Pau et Pays de l’Adour, Apr 2023, Pau, France. ⟨hal-04290263⟩
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