Le projet QualiPostOv visait à décrire l’évolution des qualités post-ponte chez la truite et à identifier des conditions pouvant affecter cette restauration. Nous avons fait l’hypothèse que la date de ponte (ddp), associée à une durée de jeûne plus ou moins longue, pouvait impacter la restauration des qualités post-ponte. Pour tester cette hypothèse, nous avons mis en place une expérimentation pour comparer, sur la souche automnale de la PEIMA, l’impact de la ddp, de la semaine 45 (début novembre) à la semaine 48 (fin novembre) 2019, sur les qualités post-ponte (4 groupes : s45, s46, s47 et s48). Les poissons étant tous à jeun au début de la période de ponte, leur durée de jeûne variait de 2 à 5 semaines selon leur ddp, De plus, nous avons au moment du pic de ponte, semaine 46, constitué deux groupes afin de dissocier l’effet de la ddp de l’effet de la durée du jeûne. Ainsi un lot a été réalimenté après la ponte (s46), tandis que l’autre a été maintenu à jeun 2 semaines supplémentaires (s46-Jeun) pour être réalimenté en même temps que le dernier lot constitué semaine 48 (s48). En comparant ces trois groupes, s46, s46-Jeun, et s48, nous avons pu d’une part évaluer l’effet de la date de ponte seul (s46-Jeun vs s48, date de ponte différente mais même durée de jeûne) et d’autre part l’impact de la durée de jeûne pour une même date de ponte (s46 vs s46-Jeun). Les qualités (poids, morphométrie, rendements, couleur et résistance mécanique des filets) des poissons de ces groupes ont été mesurées début février 2020, après des durées de récupération post-ponte variables, de 10 à 13 semaines, selon leur ddp. Au moment des mesures de qualités, tous les lots avaient des poids similaires, même si les truites du dernier groupe (s48) sont un peu plus petites. Un effet de la ddp a pu être mesuré sur le coefficient de condition K, les poissons du lot s48 ayant un K plus faible que ceux des lots S45 et S46. L’adiposité, estimée par la mesure Fat-meter®, des poissons du groupe S47 est plus faible que celle du groupe s45, et celle du groupe s48 est inférieure à tous les autres groupes. Aucun effet de la ddp n’a été mesuré sur les rendements de découpe. Le rendement de salage fumage est quant à lui impacté par la ddp, avec des valeurs plus faibles mesurées pour les lots de truites les plus tardives (s47 et s48) et les rendements en filets fumés sont, en conséquence, également plus faibles pour ces groupes tardifs. La ddp affecte la couleur des filets crus mesurée juste après l’abattage. Les filets des truites ayant pondu plus tardivement sont plus lumineux (L*>) et moins pigmentés (a* et b* <) que ceux des truites ayant pondu plus précocement. Par contre cet effet n’est pas mesuré pour les filets fumés, Aucun effet clair de la date de ponte n’a été mesuré sur la résistance mécanique des filets. La durée du jeûne au moment de la ponte n’a montré aucun effet sur aucun des paramètres mesurés, les truites maintenues à jeun deux semaines supplémentaires ont des qualités similaires, après 12 semaines de « récupération », à leurs congénères renourris juste après la ponte. En conclusion, un effet de la date de ponte a été mesuré sur la conformation et l’adiposité des poissons, les rendements de découpe et de transformation, et la couleur des filets. Cet effet, logique du fait d’un temps de restauration plus limité pour les truites pondant plus tardivement, semble majoré pour le dernier groupe constitué (s48) suggérant un état physiologique différent. Par contre, la durée du jeûne au moment de la ponte n’a pas montré d’impact significatif.