Si la majorité des animaux « réformés » partent à l’abattoir, ce n’est pas le cas de tous les animaux et ce n’est pas forcément la volonté ni des éleveurs, ni des consommateurs. La réforme peut aussi conduire les animaux à des reconversions ou à la retraite. Le projet EXIT avait pour objectif d’étudier les stratégies, les conditions et les impacts de la reconversion et de la retraite des animaux. Il reposait sur l’hypothèse principale que le devenir des animaux hors production s’articule autour des marges de manœuvre des différents acteurs, y compris des animaux, et que l’impact sur la santé des décisions de réforme (notamment reconversion et retraite) est pour l’instant largement sous-estimé. Le projet articulait 4 cas d’études : la sortie du travail des brebis en Corse ; la sortie du travail des chevaux dans l’est de la France ; la sortie du travail des poules pondeuses telle qu’elle est managée par la société Poule House ; la sortie du travail des animaux d’expérimentation (animaux de ferme). Les résultats permettent de décrire une diversité de dispositifs de sorties des animaux et d’en comprendre les mécanismes. Ils mettent en évidence que cette phase de la vie de l’animal est au cœur de nombreuses tensions, entre dysfonction et insatisfaction quant à l’organisation de la mise à mort ou de la survie pour beaucoup d’acteurs, dont les valeurs les conduisent à activer des dispositifs de contournements pour assurer une fin « digne » à leurs animaux. Les résultats permettent de discuter de cette « fin » et de relever la diversité des appréciations de la santé et du bien-être des animaux de réforme, qu’ils soient vieux ou non. Ils permettent surtout de révéler, de manière transversale, une tension générique entre la rationalisation des activités d’élevage, le sens de l’activité pour les acteurs, et la relation affective et de travail que les professionnels développent avec leurs animaux.