Virus de l'hépatite E: dynamique d’Exposition et de Partage dans les milieux et les filières, VHEEP. Rapport-bilan de fin de projet - INRAE - Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement Accéder directement au contenu
Rapport Année : 2023

Virus de l'hépatite E: dynamique d’Exposition et de Partage dans les milieux et les filières, VHEEP. Rapport-bilan de fin de projet

Virginie Doceul
Lisandru Capai
Lucile Garçon
Marie Gisclard
Ferran Jori
Marie Pellerin
  • Fonction : Auteur
  • PersonId : 1207605
Vincent Porphyre
Bastien Trabucco

Résumé

Le virus de l’hépatite E (HEV) est un pathogène modèle « One Health » par excellence. Souvent asymptomatique chez les humains dans sa forme aigue, le HEV peut néanmoins provoquer une diversité de symptômes, et parfois des hépatites chroniques ou fulminantes (Kamar et al., 2008). Le principal réservoir de la maladie pour les humains dans les pays industrialisés est le réservoir porcin, et les produits de charcuterie à base de foie sont une source importante de contamination, mais les voies de transmission sont multiples (consommation de produits, d’eau, contacts, dont contacts entre humains et animaux), le virus étant très résistant dans l’environnement et touchant de nombreuses espèces animales sauvages et domestiques (Doceul et al., 2016 ; Kamar et al., 2017). Le HEV est donc un potentiel indicateur d’un ensemble de relations complexes d’un socio-pathosystème (Charrier et Barbier, 2021) dont l’analyse implique d’aller au-delà du cycle biologique d’un pathogène (objectivé par les sciences biologiques), de l’analyse de risque (dominée par l’épidémiologie), ou encore d’une approche en sociologie du risque, pour appréhender le mode d’existence du HEV dans un « tout contextuel » (Dewey, 1993). Le projet VHEEP, mis en œuvre en Corse (hyper-endémicité, expansion du HEV dans la faune sauvage, pratiques artisanales et industrielles de transformation des produits charcutiers…), proposait une combinaison d’approches interdisciplinaires, entre éco-épidémiologie et zootechnie (études des pratiques influençant les contacts entre porcs et sangliers par exemple), épidémiologie moléculaire (mise en évidence du partage et de la distribution des souches entre réservoirs et humains) ; géographie des pratiques de transformation (mélanges de foies, origine de la matière première), de consommation (évolution des pratiques et perceptions des consommateurs de saucisses de foie) et de régulations (normes de production, messages de prévention des risques,…). Il visait à connecter l’identification des souches de HEV (et leur proximité génétique au sein et entre les compartiments) à l’objectivation de réseaux socio-techniques pour, in fine, produire une compréhension de type « nexus » du mode d’existence du pathogène d’une part, et questionner les paradigmes et méthodologies de recherche dans une approche « one health » d’autre part. La perspective générale du projet était donc celle de « l’enquête » (inquiry, Dewey, 1993), forcément située dans un « tout contextuel » territorial, les systèmes socio-techniques en Corse. Faisant suite à environ 10 ans de travaux sur le HEV en Corse, le projet VHEEP visait également à produire une synthèse des connaissances sur le HEV dans ce territoire. Les résultats du projet peuvent être synthétisés de la manière suivante : 1. De manière contre-intuitive, le projet a permis de montrer que le lien entre haute séroprévalence humaine et présence d’élevages porcins/haute densité de sangliers n’est pas une évidence. En effet, nous démontrons dans le projet que le mode d’élevage « traditionnel » de porc en corse est « protecteur » vis-à-vis du HEV, du fait de l’abattage tardif des porcs (très peu d’ARN du HEV trouvé dans les foies (0,18%) et les ficatelli (0,025%). C’est au contraire la connexion avec des réseaux de commercialisation extérieurs (« importation » de matière première) qui semble majoritairement insérer le HEV dans les systèmes alimentaires. 2. Pour expliquer la haute séroprévalence de la population humaine, les résultats du projet suggèrent que des sources, autres que l’alimentation à base foie de porcs, existent telles que des sources de contamination environnementales (eaux, mollusques). Néanmoins, cette hypothèse reste à être explorée. 3. Il y a bien des réseaux « horizontaux » de diffusion, via le contact direct entre porcs et sangliers (souches communes partagées dans les mêmes régions), mais également via les transactions d’animaux sur pied, entre exploitations. 4. Ce que l’on appelle le ficatellu recouvre en fait une diversité de produits, de recettes et de circuits de transformation. Il s’agit d’un secteur complexe composé d’acteurs aux stratégies très différentes (du ficatellu fermier de qualité pour une clientèle locale fidèle aux gammes produites par des salaisonniers visant la quantité et le marché du tourisme), et dont la perception du risque est très variable. La typologie des pratiques de transformation dévoile un monde complexe, où le risque se distribue, selon le type de structure, à différents niveaux du processus de transformation. 5. Enfin, VHEEP permet de poser une réflexion sur ce que peut impliquer une démarche de recherche territorialisée au sujet d’un tel virus « One Health ».
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-04358040 , version 1 (21-12-2023)

Identifiants

  • HAL Id : hal-04358040 , version 1

Citer

François Charrier, Virginie Doceul, Lisandru Capai, Lucile Garçon, Marie Gisclard, et al.. Virus de l'hépatite E: dynamique d’Exposition et de Partage dans les milieux et les filières, VHEEP. Rapport-bilan de fin de projet. LISIS, Univ Gustave Eiffel, ESIEE Paris, CNRS, INRAE; SELMET LRDE; AGIR, INP-Ecole d'Ingénieurs de PURPAN; UMR1161 VIRO, ANSES, INRAE; UMR ASTRE, Campus international de Baillarguet, 34398 Montpellier Cedex 5; UMR SELMET; UCPP. 2023. ⟨hal-04358040⟩
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