Vers les territoires de santé : perspectives situationnelles de la gestion des santés animales et végétales
Résumé
Les crises sanitaires animales et végétales successives (Sharka, Fièvre Catarhalle Ovine, grippe
aviaire, Xylella fastidiosa,…), l’évolution multi-niveaux de la gouvernance sanitaire (de l’échelle mondiale à
l’échelle régionale), et les mots d’ordre épistémiques tels que « One Health » ou « Eco-health », invitent à
questionner l’échelle et les modalités de l’action concrète de gestion, pour analyser ce qui est vraiment fait,
et par qui en situation sanitaire. Partant d’études de cas de situations d’épizootie et d’épiphytie en Corse,
nous proposons de développer la notion de « territoire de santé » pour décrire une construction collective et
territoriale de capacités d’action dans ces situations. La première étude de cas, centrée sur l’analyse de crise
Xylella fastidiosa (2015 – 2018) permet d’analyser la dynamique des dispositifs de gestion pris dans une situation
complexe, où les problématiques à traiter dépassent l’expression du risque mis en gestion. La seconde
étude de cas, centrée sur l’analyse du secteur porcin et les problématiques sanitaires liées à l’interaction
avec la faune sauvage (virus hépatite E, virus de la maladie d’Aujeszky, risque lié au virus de la peste
porcine africaine), permet de mettre en lumière une articulation de travaux de recherche interdisciplinaires
qui produit une perspective intégrant recherche et gestion au plus près de configurations locales du secteur
d’élevage. Cette articulation illustre une mise en recherche de ce que nous proposons donc d’appeler un
« territoire de santé ». C’est l’analyse et l’interaction d’échelles de temps, d’espaces, de réseaux d’acteurs et
de processus que nous proposons d’aborder sous l’angle de trois perspectives interdisciplinaires : i) les approches
intégratrices en santés animales et végétales (« système pathogène », « pathosystème », facteurs
de risques sociaux et environnementaux,…) ; ii) les approches structurelles (aménagement des territoires,
gouvernance, distribution du risque dans les chaines de valeurs, structures organisationnelles,…) ; iii) le management
situé (pratiques des acteurs en situation et processus organisationnels).