Terres marronnes sous surveillance écologique : le cas du Parc National de La Réunion
Résumé
Créé le 5 mars 2007, soit peu après la réforme des Parcs Nationaux Français, le Parc National de La Réunion (ci-après PNRun) est le troisième parc national français en outre mer. Gestionnaire, depuis le 1er août 2010, du site naturel des "Pitons, cirques et remparts" inscrit sur la Liste du Patrimoine mondial, son but autant que sa création s’insèrent dans un contexte d’urgence à préserver divers pans de biodiversité locale menacée. L’objectif de cette communication est de donner à voir et à comprendre comment la logique conservatoire souhaitée et mise en½ oeuvre par le PNRun s’est heurtée à une partie de la population locale, et a accentué ce faisant la construction autant que l’intensité d’une forme de «ressenti d’autochtonie» (Chérubini, 2015). Appuyée sur une soixantaine d’entretiens, la présente communication restituera à la fois l’historique du PNRun et le rapport ambigu nourri à son sujet par la «population réunionnaise». Nous montrerons qu’une telle ambiguïté est caractéristique des relations historiquement entretenues entre l’île de La Réunion et sa métropole, la France continentale. La résistance opposée à l’apparente «main mise» environnementale exercée par le PNRun sur les Hauts de l’île, terres de marronnage symboliques à plus d’un titre, semble d’autant plus virulente que la Nature tient une place privilégiée voire constitutive de la culture créole réunionnaise.