L’objectif de cette communication est de retracer sur la scène environnementale internationale l’interaction de deux causes en particulier, celle de la construction et de la reconnaissance de l’autochtonie d’une part et celle de la protection de l’environnement d’autre part, ayant toutes deux conduit à l’émergence d’un nouveau cadre d’action international en matière de conservation environnementale. S’appuyant sur l’étude de la littérature grise attestant de leurs interactions et sur une présentation du contexte initialement antagonique existant entre ces deux causes, nous montrerons que leurs porteurs ont su mutuellement les entremêler en vue de renforcer chacune leur légitimité, mais ce au prix d’altérations potentiellement vectrices de nouveaux conflits. Des discours aux pratiques, les acteurs internationaux de la conservation sont en quête d’un nouveau «paradigme» en vertu duquel les aires protégées contemporaines promouvraient la reconnaissance des peuples autochtones en tant qu’«alliés naturels» de la cause de la défense de l’environnement. Ce discours repose sur une définition écologisée de l’autochtonie qui ignore cependant la question des inégalités socio­ historiques accumulées à l’endroit des peuples autochtones, occulte à quel point la mission de conservation environnementale a pu historiquement générer et affermir ces inégalités, et reste enfin silencieuse quant à la perspective d’une éventuelle réparation de cette situation.