Etude de l’impact des prélèvements d’eau en cours d’eau hors étiage
Résumé
Cette étude contribue à cerner les impacts écohydrologiques des prélèvements de hautes eaux sur les écosystèmes aquatiques, (1) en identifiant des indicateurs écohydrologiques (c’est-à-dire des variables hydrologiques qui reflètent la qualité de l’habitat des organismes ou le fonctionnement écologique) adaptés à l’étude de ces impacts, et (2) en estimant comment ces indicateurs seraient affectés par des scénarios de prélèvements directs, en rivière. Le scénario testé reprend les règles de prélèvement proposées par le SDAGE Loire Bretagne.
La variabilité naturelle saisonnière des débits constitue à la fois un moteur évolutif, un support de biodiversité et un facteur important de résilience des hydrosystèmes. Les hautes et moyennes eaux ne sont pas des eaux "excédentaires" que l'on pourrait détourner du milieu sans précautions. L'étude de la bibliographie montre cependant la difficulté de définir des indicateurs hydroécologiques généralisables. Il a toutefois été possible de distinguer certains indicateurs (de « moyennes » eaux pour le débit
dépassé 10% du temps, ou de hautes eaux pour la crue de récurrence 1 ou 1.5 an). Ces indicateurs ne sont cependant pas binaires ; ils ne présentent pas de valeurs "seuils" a priori, au-delà desquelles il n'y aurait aucun impact écologique et en-deçà desquelles les impacts seraient irrémédiables. L'utilisation de ces indicateurs doit donc se faire selon une approche comparative : leur degré d'altération relatif par rapport à une situation naturelle ou naturalisée apporte des éléments utiles pour estimer les impacts
potentiels de scénarios de prélèvement (à noter que cette approche comparative de scénarios alternatifs est également celle adoptée dans la définition des débits minimums). Cette approche diagnostique doit être nourrie d'une expertise locale, permettant de préciser le contexte et le fonctionnement écologique des cours d'eau considérés afin de bien appréhender les impacts potentiels des prélèvements.
En appliquant les règles de prélèvement fixées par le SDAGE Loire-Bretagne sur plus de 500 stations hydrométriques, il apparaît que, sur une année « moyenne » d'un point de vue hydrologique, le volume potentiellement prélevable est assez faible au regard des écoulements annuels. Toutefois, ce prélèvement théorique (sous réserve qu'il soit nécessaire) ne pourra être mis en œuvre à n'importe quel moment. En effet, le degré d’altération des indicateurs hydrologiques définis varie en fonction des années. Cette étude montre notamment que le nombre de jours potentiels de prélèvements peut être réduit lors des années « sèches », et donc conduire à des volumes potentiellement prélevables beaucoup plus faibles Les effets attendus du changement climatique sur les débits des cours d'eau concernés devront donc également être considérés, afin que les règles mises en place soient durables. Une bonne temporalité des prélèvements doit permettre de limiter les impacts sur les milieux, mais ne doit pas créer de dépendance supplémentaire à la ressource en eau. La durabilité du partage de cette ressource entre les usages et les milieux naturels repose en grande partie sur une bonne connaissance des prélèvements à l’échelle saisonnière, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui au niveau national.
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