Face à l’enjeu que représente le développement d’une agriculture plus respectueuse de la santé humaine et de l’environnement, la diversification végétale des systèmes agricoles est reconnue comme un pilier de l’agroécologie, et explicitement mentionnée dans la politique agricole commune (PAC) depuis sa réforme de 2014. Pour autant, les pratiques de diversification peinent à se développer sur le terrain. Cet article présente les conclusions d’une expertise scientifique collective (ESCo) conduite par Inrae compilant les résultats de plus de 2 000 articles scientifiques. Cette synthèse confirme sans appel l’intérêt de la diversification végétale pour favoriser la régulation naturelle des bioagresseurs, et montre qu’elle contribue à réduire l’usage des pesticides dès lors qu’elle est pensée et déployée dans cet objectif. De plus, la diversification favorise la biodiversité et la fourniture d’autres services écosystémiques, comme la régulation de l’eau et la qualité des sols. Les effets négatifs sur la régulation des bioagresseurs sont rares et la littérature suggère qu’ils peuvent être évités en adaptant les pratiques de diversification au contexte pédoclimatique local. Enfin, les systèmes à bas intrants diversifiés ont souvent un rendement supérieur à leurs équivalents peu ou pas diversifiés. L’adoption très limitée de la diversification s’explique par sa difficulté à dégager de la rentabilité, notamment au sein de filières aujourd’hui verrouillées en faveur du modèle conventionnel (manque de variétés et d’agroéquipements adaptés, manque de débouchés, etc.). Le levier politique apparaît finalement comme la clé pour dépasser ce verrouillage.