Existe-t-il de « bonnes pratiques » pour réduire l’usage de rodonticides dans les prairies pour lutter contre les campagnols terrestres ? - INRAE - Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Innovations Agronomiques Année : 2013

Can we define « good practices » to reduce the use of rodonticides against voles in grasslands?

Existe-t-il de « bonnes pratiques » pour réduire l’usage de rodonticides dans les prairies pour lutter contre les campagnols terrestres ?

Résumé

Animal husbandries with grassland system have a lot of problems because of outbreaks of voles but it is difficult to find technical solutions because the phenomenon is complex and multifactorial. The only authorized molecule, bromadiolone, has a strong impact on non-target wild fauna. This has led us to propose a technical approach combining low density IPM treatments with adaptations of agricultural practices and landscape changes. However, this approach is difficult to promote. Our program was designed to better understand the processes leading to the choices made by farmers to carry a particular type of practice on their farms. We crossed an agricultural approach of farming practices with anthropological representations associated to obtain a systemic view of the technical and non-technical determinants of farmers’ practices. We showed that the vole, a burrow animal not easy to perceive, is not identified and built the same way by all, and that it produces a varying level of stress, not necessarily correlated with their abundance, which has implications on how outbreaks are managed. Furthermore, as outbreaks of voles do not have the same impact on farms, depending on the region and the production system, it cannot be found a single answer to give to farmers ("good practices"), without taking into account local context, bio technical characteristics of the territory, network of actors, needs and representations of breeders. The responses that were made by advisers and farmers to control voles vary widely from one region to another and depend on both ways of thinking and advising, on the conceptual framework they mobilize for the design and organization of networks of farmers and other stakeholders (hunters, naturalists, people ...). Finally, technical innovations implied by the rational control disseminate through social networks. It is facilitated when these groups are made of farmers with contrasting production systems and diverse ways of thinking (dense social network with low links) but with an interdependent conception of their relationships.
Les pullulations de campagnols posent de gros problèmes aux exploitations d’élevage en système herbager mais il est difficile de trouver des solutions techniques car le phénomène est complexe et multifactoriel. La seule molécule autorisée, la bromadiolone, a un impact fort sur la faune non cible. Cette problématique a amené les services techniques à proposer une démarche de lutte intégrée combinant des traitements à basse densité avec des adaptations des pratiques agricoles et des modifications de paysage. Cependant, cette démarche est difficile à promouvoir. Notre projet visait à mieux comprendre les processus menant au choix que font les éleveurs pour mener tel ou tel type de pratique sur leur exploitation. Pour ce faire nous avons croisé une approche agronomique des pratiques agricoles avec une approche anthropologique des représentations associées, afin d’obtenir une vision systémique la plus complète possible des déterminants techniques et non-techniques des pratiques des éleveurs. Nous avons montré que le campagnol, animal fouisseur peu visible, n’est pas identifié et construit de la même façon selon les personnes, et qu’il véhicule un niveau de stress variable, pas forcément corrélé à l’importance des effectifs, ce qui a des conséquences sur la façon dont les pullulations sont gérées. En outre, comme les pullulations de campagnols n’ont pas le même impact sur les exploitations agricoles, quelle que soit la région considérée et que ce dernier dépend aussi du système de production, il ne peut y avoir de réponse unique à donner aux agriculteurs (les « bonnes pratiques »), sans tenir compte du contexte local, des caractéristiques bio techniques du territoire, du réseau d’acteurs, des besoins et des représentations des éleveurs. Les réponses qui ont été apportées par les techniciens et les agriculteurs pour lutter contre le campagnol sont très variables d’une région à l’autre. Elles dépendent à la fois des façons de penser et de faire des techniciens et des structures, du cadre conceptuel qu’ils mobilisent et de l’organisation des réseaux d’agriculteurs et des autres acteurs concernés (chasseurs, naturalistes, habitants…). Enfin, la diffusion des innovations techniques qu’implique la lutte raisonnée passe par des collectifs. Elle est facilitée lorsque ces collectifs sont constitués d’agriculteurs ayant des systèmes de production et des façons de penser diversifiées (réseau social dense à liens faibles) et qui se considèrent comme solidaires.
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Citer

Yves Michelin, Shantala Morlans. Existe-t-il de « bonnes pratiques » pour réduire l’usage de rodonticides dans les prairies pour lutter contre les campagnols terrestres ? : Les enseignements d’une analyse agro-anthropologique des marges de manœuvre technique des exploitations agricoles et des stratégies des éleveurs dans trois massifs de moyenne montagne française.. Innovations Agronomiques, 2013, 28, pp.221-232. ⟨10.17180/p73s-rq51⟩. ⟨hal-04542988⟩
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