Analyse des effets de l’irrigation sur la trajectoire de différents types d’exploitations viticoles du Languedoc-Roussillon
Résumé
Les territoires agricoles méditerranéens font face à une évolution rapide de la pluviométrie et à la hausse de l’évapotranspiration. Ces phénomènes se conjuguent à l’accroissement de la demande en eau à l’origine d’importants déséquilibres quantitatifs de la ressource en eau. Le bassin viticole de l’ex-Languedoc-Roussillon (LR) connaît un fort développement de l’irrigation. Ce travail tente de questionner l’irrigation comme levier d’adaptation des exploitations viticoles au changement climatique en identifiant les trajectoires que l'irrigation favorise pour ces exploitations. Trente entretiens semi-directifs ont été menés auprès de viticulteurs irrigants de différents types d’exploitations du LR. À l’issue
de l’enquête, huit profils-type d’exploitations sont identifiés au regard de leurs caractéristiques structurelles, de leur trajectoire et de leur stratégie. Parallèlement, l’analyse de plusieurs variables permet de retracer des situations hydriques-type. Ces deux grilles permettent ensuite de caractériser et de distinguer les effets des différents systèmes d’irrigation selon les exploitations viticoles. L’irrigation aide l’atteinte des objectifs qualitatifs et quantitatifs de la production, ce qui facilite in fine la gestion commerciale. Irriguer le vignoble se révèle être une adaptation ambivalente au changement climatique : elle peut faciliter la mise en place de pratiques agro-écologiques plus résilientes, mais elle conforte aussi des modèles intensifs, dont la pérennité est remise en cause face à l’intensification des sécheresses
et à la conjoncture commerciale. Finalement, nous proposons un gradient de dépendance à l’irrigation qui permet de tirer quelques pistes pour des recommandations en matière de planification et de politiques publiques.