Les pluviolixiviats : une entrée de carbone sous-estimée pour les sols cultivés ? - INRAE - Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement
Communication Dans Un Congrès Année : 2024

Les pluviolixiviats : une entrée de carbone sous-estimée pour les sols cultivés ?

Résumé

Le stockage de carbone dans les matières organiques des sols agricoles reçoit de plus en plus d’attention. La considération de son rôle joué dans l’atténuation des changements climatiques s’est ajoutée aux considérations historiques des matières organiques pour leurs rôles joués dans le maintien de la structure et de la fertilité des sols. Dans les sols cultivés, les entrées de carbone habituellement prises en compte sont le carbone présent dans les résidus végétaux et les amendements organiques. Les apports de carbone par les exsudats racinaires (ou rhizodéposition), bien que difficilement estimables, sont aussi considérés. Mais les apports de carbone par les pluviolixiviats ne sont pas du tout étudiés. Les pluviolixiviats sont les eaux de pluies qui arrivent au sol après traversé d’un couvert végétal ; soit directement, soit par ruissellement ou percolation sur ou à travers le couvert. Ces eaux s’enrichissent en éléments présents sur les surfaces végétales (feuilles, tiges) et pouvant provenir des dépositions atmosphériques, des organismes vivants sur ces surfaces, ou de sécrétions produites par ces organismes ou les végétaux. Nous avons étudié ce flux de carbone en analysant les eaux de pluies échantillonnées avec des pluviomètres au-dessus et en-dessous d’un couvert de colza au stade de développement du fruit. Trois évènements pluvieux de 5, 7 et 60 mm ont été prélevés entre le 19 et le 23 juin 2023. La surface de sol couverte par le couvert a été estimée à partir de l’analyse de photographies. Les formes organiques et minérales du carbone présentes en solution dans ces eaux ont été analysées et les flux générés ont été comparés aux quantités de carbone présentes dans la biomasse à la surface du sol (parties aériennes et feuilles sénescentes). Au moment de l’étude, 80 % de la surface du sol était recouverte par le couvert de colza (tiges, feuilles, ramifications, siliques). Selon la pluie, entre 50 et 90 % de l’eau de pluie traversait le couvert et atteignait donc le sol. Les pluviolixiviats analysés étaient 5 à 30 fois plus concentrés en carbone organique dissous que l’eau de pluie prélevée au-dessus du colza. Sur la période étudiée et en fonction de l’évènement échantillonné, les pluviolixiviats ont apportés au sol sous la culture de colza entre 0,06 et 15 kg C ha-1. Ces flux de carbone semblent considérables et demandent à être précisés en explorant leur généricité par l’analyse de pluviolixiviats sous un colza à différents stades de développement, mais aussi sous d’autres cultures. Les effets du régime des pluies et plus généralement du climat sur la dynamique d’accumulation des matières transférables dans les pluviolixiviats devront également être évalués. Les origines, les formes et la réactivité du carbone contenu dans ces pluviolixiviats posent également questions. Quelle proportion de ce carbone a été effectivement produit par le couvert végétal ? Ce carbone est-il rapidement décomposé, assimilé ou minéralisé par les microorganismes du sol ou contribue-t-il directement à la fraction du carbone stabilisée dans les sols par interaction avec les phases minérales ?
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Dates et versions

hal-04620187 , version 1 (21-06-2024)
hal-04620187 , version 2 (10-10-2024)

Identifiants

  • HAL Id : hal-04620187 , version 2

Citer

Guillaume Humbert, Gonzague Alavoine, Hugues Clivot. Les pluviolixiviats : une entrée de carbone sous-estimée pour les sols cultivés ?. ResMO 2024 - Matière organique, Environnement & Société, Mar 2024, Semur-En-Auxois, France. ⟨hal-04620187v2⟩

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