La présence de la plante-hôte modifie-t-elle le protéome du symbiote ectomycorhizien ? Exemple de l’interaction Hebeloma cylindrosporum / Pinus pinaster
Abstract
Dans les associations mycorhiziennes, l’interaction entre les deux partenaires entraîne probablement un remodelage de leur protéome respectifs, en particulier celui du partenaire fongique au niveau de l’interface cellules fongiques/cellules racinaires. Dans le cas de l’association entre le basidiomycète ectomycorhizien Hebeloma cylindrosporum et le pin maritime (Pinus pinaster), nous avons émis l’hypothèse que les transporteurs de Pi fongiques pourraient subir des modifications post- transcriptionnelles dans le réseau de Hartig pour permettre un efflux de phosphate (Pi) du champignon à la plante dans ce territoire racinaire. Nous avons abordé cette hypothèse en étudiant le protéome du champignon, dont le génome est séquencé, en fonction de la présence/absence de la plante-hôte et du statut P du champignon (plus/moins P). Pour cela, les thalles ont d’abord été cultivés en conditions plus ou moins P puis ont été incubés dans un milieu très simplifié, en présence ou en absence du pin maritime. Ce système d’incubation in vitro permet de mimer l’espace apoplasmique du réseau de Hartig des ectomycorhizes, zone très difficile à étudier autrement. Après 48 h d’incubation, les thalles ont été collectés et les protéines totales extraites. Le protéome a été analysé pour les différentes conditions, ainsi que son degré de phosphorylation. Les résultats obtenus montrent que la présence du pin maritime modifie la quantité de protéines et/ou leur degré de phosphorylation. Finalement, parmi toutes les protéines potentiellement impliquées dans les échanges de Pi, seuls les deux transporteurs H+:Pi (HcPT1.1 et HcPT2) ont été identifiés. De façon remarquable, la présence des racines de pin pendant ces 48 h induit la phosphorylation de ces deux transporteurs de Pi fongique de façon différentielle selon le traitement P des thalles.