La cuticule qui recouvre la surface de tous les végétaux est un composite naturel hydrophobe, associant un polyester d’acides gras hydroxylés, la cutine, et des polysaccharides pariétaux (cellulose, pectines, hémicelluloses). Elle remplit de multiples fonctions cruciales pour la plante (e.g., croissance et différentiation des organes aériens, résistance aux stress biotiques et abiotiques). La cuticule se concentre dans les déchets (pomaces) et en particulier dans les peaux générées par l’industrie de la transformation des fruits. Après un procédé simple de bioraffinerie des pomaces issues de la transformation industrielle des tomates, les peaux sont isolées et les acides gras hydroxylés sont extraits après hydrolyse alcaline. En s’inspirant de la cuticule des plantes, nous avons produit, à partir de ces acides gras hydroxylés, des matériaux polymères hydrophobes aux propriétés comparables à celles de polymères de pétrole. Les acides gras contiennent plus de 90% d’acide 9/10, 16-dihydroxyhexadécanoique (diOHC16). Les polyesters bio-sourcés sont « reconstruits » à partir de ces acides gras par un procédé durable et simple de polycondensation sans solvant ni catalyseur (fig a). En modulant la composition initiale par ajout de glycérol (naturellement présent dans la cutine) ou le taux de purification des acides gras, il est possible de produire un panel de matériaux qui ont des comportements élastomériques [1], thermodurcissables ou thermoplastiques. Leurs propriétés mécaniques (fig b), thermiques (fig c) et thermomécaniques seront présentées et reliées à leur structure macromoléculaire plus ou moins réticulée et leur semi-cristallinité. Certains de ses matériaux présentent des propriétés de mémoire de forme qui permettent d’envisager des applications dans des domaines à forte valeur ajoutée.